"L'État du Sénégal a l'obligation de faire toute la lumière sur cette affaire. Il y va de sa crédibilité aux yeux de l'opinion publique nationale et internationale. En cas de transfert illicite, toutes les personnes physiques ou morales qui seraient impliquées doivent être sanctionnées. La presse et la société civile doivent être particulièrement vigilantes sur le traitement qui est fait de cette affaire", soutient Seydi Gassama, directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal dans un entretien avec Sputnik.
"Nous demandons à toutes les autorités italiennes - nationales et locales de La Spezia – responsables de l’exportation d’armements et de munitions militaires et civiles de clarifier immédiatement la situation et au parlement de demander d’urgence toutes les informations nécessaires sur la nouvelle de la saisie au Sénégal d’un chargement de munitions de fabrication italienne. Bien que le type de munitions ne soit pas connu, la production italienne serait prouvée par les images de la saisie montrant plusieurs boîtes avec le logo Fiocchi", s’alarment en chœur le Réseau italien pour la paix et le désarmement, l’Observatoire permanent sur les armes légères et les politiques de sécurité et de défense (OPAL) et l’association Weapon Watch.
"Certes, les États ont le droit d’importer des armes et des munitions pour faire face à leurs besoins légitimes de défense et de sécurité à la condition que ces armes et munitions ne soient pas utilisées pour commettre des violations graves des droits humains et du droit international humanitaire. Par contre, les transferts au profit des acteurs non étatiques, les groupes d’opposition armés notamment, et ceux destinés à alimenter le crime organisé sont interdits. Nous attendons donc que des informations soient données sur l’origine et la destination finale de ces munitions. En tout état de cause, le Sénégal ne doit pas être une plaque tournante du trafic international des armes et munitions. Il y va de sa propre sécurité et de celle des États de la sous-région", affirme le directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal.
"Nous demandons à l'Agence des douanes de révéler si les munitions trouvées sur le cargo Eolika ont été exportées d'Italie sur la base de l'autorisation nécessaire délivrée par l'autorité nationale UAMA [Unité d'autorisation du matériel d'armement, ndlr] basée au ministère des Affaires étrangères. Nous demandons également à l'autorité portuaire et au port de La Spezia de nous informer si la cargaison de munitions a été chargée dans le port local et si tous les documents requis par la loi ont été délivrés et tous les contrôles requis ont été effectués", insistent les ONG italiennes signataires de la déclaration commune du 19 janvier.
"Les États de la sous-région, individuellement et collectivement, doivent lutter contre les transferts illicites des armes et munitions. La sous-région en a beaucoup souffert dans les années 1990 et pendant la première décennie des années 2000 avec les guerres civiles au Liberia, en Sierra Leone, en Casamance, etc. Les États doivent éviter à tout prix que de nouveaux trafics viennent alimenter les conflits qui ravagent les États du Sahel en ce moment", conjure Seydi Gassama d’Amnesty International Sénégal.