Dans une interview à Reuters diffusée samedi 8 janvier, Kevin Kühnert, secrétaire général du Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD), auquel appartient le nouveau chancelier fédéral Olaf Scholz, a exprimé le point de vue de la majorité des Allemands qui, dans les enquêtes, "se prononcent régulièrement en faveur" du projet de Nord Stream 2.
M.Kühnert estime que tous les débats politiques concernant le gazoduc, déjà "virtuellement connecté au réseau", s’arrêteront au moment où toutes les questions finales de son lancement seront résolues.
"À un moment donné, il doit y avoir [dans ces discussions, ndlr] une paix politique et juridique sur la question", a-t-il statué.
Le secrétaire général du SPD a aussi appelé à ne pas mélanger le sujet du Nord Stream 2 avec d’autres thèmes de dialogue avec la Russie, que ce soit sur les droits de l’homme ou sur le règlement du conflit ukrainien.
"Heureusement, nos outils diplomatiques offrent plus de possibilités que la simple fermeture d’un gazoduc", a déclaré Kevin Kühnert.
Le feu vert de Berlin n’équivaut pas à celui de Bruxelles
Sollicité par Sputnik, le directeur du Centre russe de recherches germaniques et vice-directeur de l’Institut de l’Europe à l’Académie des sciences russe, Vladislav Belov, commente les déclarations du secrétaire général du SPD.
Selon M.Belov, la position de Kevin Kühnert confirme une fois de plus celle du chancelier allemand Olaf Scholz, également membre de SPD.
Si quelques acteurs internationaux voudraient se servir d’une "agression imaginaire" russe contre l’Ukraine pour empêcher la finalisation du Nord Stream 2, les Allemands préfèrent se tenir de côté et s’abstenir de proférer des allégations sans fondements, assure l’expert.
Même les Verts, qui restent la seule force politique en Allemagne ouvertement opposée au gazoduc et représentée au gouvernement par le vice-chancelier et ministre de l’Économie et de l’énergie Robert Habeck, et la chef de la diplomatie Annalena Baerbock, ils ne mettent pas des bâtons dans les roues du projet, souligne Vladislav Belov.
Tout cela permet de supposer que, "faute de bouleversements internationaux importants, l’Allemagne va finalement certifier le gazoduc pour transmettre le dossier à Bruxelles", constate le directeur du Centre russe de recherches germaniques.
Cependant, si initialement l'Agence fédérale allemande des réseaux parlait d’une UE plutôt formelle dans l’approbation du gazoduc controversé, "au niveau européen cette question reste ouverte", selon M.Belov.
Dans le cas où Bruxelles bloquerait d’une manière ou d’une autre le oui allemand concernant la mise en service du Nord Stream 2, ce serait un "événement important, salué d’ailleurs à Berlin par les écologistes", conclut le germaniste.
Pour rappel, le 16 novembre 2021 le régulateur allemand a annoncé la suspension temporaire de la procédure d'approbation du gazoduc. Pour que ce processus puisse être repris, il faut que l’opérateur, basé en Suisse, soit juridiquement enregistré en Allemagne et transfère une partie de ses actifs et de son personnel à une filiale créée dans le pays.