Lors de sa conférence de presse annuelle, Vladimir Poutine a de nouveau rejeté la responsabilité de l'envolée des prix du gaz naturel sur les pays européens, ajoutant que Gazprom, le géant gazier russe, remplissait toutes ses obligations contractuelles. Se prononçant le jour suivant lors d'une réunion du Conseil pour la science et l'éducation, le Président a également rappelé qu’il était "déraisonnable" de la part de l'Europe d'empêcher le lancement du Nord Stream 2, car l'apparition de volumes supplémentaires de gaz ferait baisser le prix du carburant.
"C'est aussi déraisonnable pour ceux qui ne permettent pas à ce système de fonctionner, car des approvisionnements supplémentaires en gaz sur le marché européen feraient certainement baisser le prix à la Bourse, le prix au comptant", a-t-il expliqué.
Le chef de l'État russe a également noté que cela aiderait également les pays qui "ne veulent pas acheter directement", comme par exemple l'Ukraine:
"Et pour eux, le prix aurait baissé de manière significative. Mais ils scient la branche sur laquelle ils sont assis", a indiqué le Président.
"L'Europe s'est créé ses propres problèmes"
Ces derniers temps, les prix européens atteignent un niveau historique en raison de la pénurie sur le marché. Les prix, ayant grimpé le 21 décembre à 187 euros le mégawattheure, ont chuté de 23% le 23 décembre, à 132 euros, selon le TTF-Future, à l'annonce du départ à destination de l'Europe d'une flotte de navires américains chargés de gaz naturel liquéfié (GNL).
L'Ukraine a annoncé le 22 décembre avoir porté plainte contre Gazprom auprès de la Commission européenne, accusant le géant gazier russe de "créer un manque artificiel de gaz" en Europe ayant entraîné une flambée historique des prix.
Lors de sa conférence de presse annuelle, Vladimir Poutine a déclaré que "l'Europe s'était créé ses propres problèmes sur le gaz" et doit les résoudre par elle-même. Il a expliqué que le gaz vers l’Europe n’est pas livré, faute de commandes de la part des partenaires européens de Gazprom, au premier chef des sociétés françaises et allemandes.
Il a ajouté que Gazprom avait fourni à l’Allemagne 10% de gaz en plus que selon ses engagements contractuels et qu’à l’heure actuelle ces surplus étaient envoyés par des livraisons inversées vers la Pologne, d’où ils repartaient vers l’Ukraine.
La Russie se dit capable d’augmenter ses livraisons
Selon certaines personnalités politiques allemandes, la pénurie d’énergie pourrait être apaisée en cas de mise en service du Nord Stream 2.
Face à cette situation sur le marché de l’énergie, le Président russe a assuré que Gazprom pouvait augmenter davantage ses livraisons en cas de demandes, une fois que le pipeline, qui est déjà prêt à l’exploitation, aura été autorisé par le régulateur allemand. Celui-ci prévoit de délivrer son autorisation début 2022.
Pour rappel, l'Agence fédérale allemande des réseaux a annoncé le 16 novembre la suspension temporaire de la procédure d'approbation du Nord Stream 2. Pour que le régulateur allemand puisse reprendre le processus, il faut que l’opérateur du gazoduc, basé en Suisse, soit juridiquement enregistré en Allemagne et transfère ses actifs et son personnel à une filiale créée dans le pays.