Moscou dénonce les sanctions de l’UE contre des "mercenaires russes" et s'autorise une réponse

En qualifiant d’"illégales" les sanctions de l’Union européenne contre des citoyens et des entités russes prétendument liés au groupe Wagner, Maria Zakharova a souligné que Moscou se réservait le droit de répondre "à ces actions hostiles".
Sputnik
Le ministère russe des Affaires étrangères a réagi ce mardi 14 décembre à la décision de l’Union européenne d’imposer des sanctions contre le groupe Wagner qu’elle qualifie d’"entité militaire privée non constituée en société, basée en Russie", ainsi que contre "huit personnes et trois entités qui lui sont liées".
Dans un communiqué, Maria Zakharova a notamment blâmé les sanctions de l’UE, les qualifiant de "pratique des restrictions unilatérales, illégales du point de vue juridique international". D’après elle, "l'hystérie" de l’Occident autour de ce thème témoigne "de la jalousie de certaines anciennes métropoles européennes" à l'égard des États d'Afrique et du Moyen-Orient, "dont elles ont évidemment été forcées de reconnaître en leur temps la souveraineté et l'indépendance".

Violation du droit souverain

La diplomate a rappelé que les sociétés militaires privées ne sont pas soumises au contrôle des autorités russes et que les pays indépendants ont tous les droits d’établir des liens avec des partenaires externes en fonction de leurs besoins sécuritaires. Pour cette raison, les sanctions de l’UE remettent en cause le droit souverain des États membres de l'Onu de construire une politique intérieure et étrangère indépendante.
La porte-parole de la diplomatie russe a également dénoncé le deux poids deux mesures de la politique extérieure de l’UE qui, selon elle, ferme les yeux sur les crimes des sociétés paramilitaires occidentales dont Blackwater, renommée depuis Academi, qui est responsable d’une tuerie des civils irakiens en 2007.
"La Russie se réserve le droit de répondre aux actions hostiles de l'UE", a conclu la diplomate.

Le groupe Wagner au Mali?

Tout en insistant sur les liens entre la Russie et le groupe Wagner, la Commission européenne accuse ce dernier "de graves violations des droits de l'homme" ainsi que d’avoir eu "des activités de déstabilisation" en Libye, en Syrie, dans l’est de l’Ukraine et en République centrafricaine, sans oublier "son influence malveillante ailleurs, notamment dans la région du Sahel".
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a déclaré que le groupe Wagner était un "instrument de la guerre hybride menée par la Russie".
Pour rappel, fin septembre, l’agence Reuters avait communiqué sur un potentiel accord entre Bamako et la société militaire privée Wagner. Si Paris et Berlin avaient alors fait part de leurs préoccupations, Sergueï Lavrov avait reconnu que le Mali s’était bien adressé à une société militaire privée russe, devant l’incapacité des troupes françaises à exterminer la menace terroriste. Le Kremlin avait par la suite souligné qu’aucun membre des forces armées russes ne se trouvait sur place.
Le 11 novembre, lors d’une rencontre avec son homologue russe, le chef de la diplomatie malienne Abdoulaye Diop a indiqué avoir contacté la partie française pour confirmer qu’"aucun contrat" n’avait été signé avec Wagner.
De son côté, Sergueï Lavrov a déclaré alors que le thème des "paramilitaires russes au Mali" était "tiré par les cheveux" et que c’était bel et bien les pays occidentaux qui ont été les premiers à créer de sociétés militaires privées.
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