Le drame est survenu le 3 décembre et suscite encore moult interrogations au Cameroun. Selon la télévision nationale équato-guinéenne, TVGE, au moins
"une personne est morte et une vingtaine d’autres portées disparues" après
le naufrage au large du Cameroun d’un navire de marchandises avec plusieurs personnes à bord et qui reliait la Guinée équatorialeau Cameroun.
Si jusqu’à ce lundi 6 décembre l’on n’en sait pas plus sur le sort des personnes portées disparues, l’ambassade du Cameroun en Guinée équatoriale a dans un communiqué souligné la présence de plusieurs Camerounais dans ce navire et identifié la défunte comme une citoyenne camerounaise.
Dans le pays, ce drame a suscité de nombreuses réactions au sein de l’opinion et de la classe politique. Dans une sortie sur sa page Facebook, l’opposant Cabral Libii, arrivé troisième à la dernière présidentielle de 2018, croit savoir que parmi les naufragés, il y a "bien des compatriotes qui, fatigués d’être malmenés en Guinée équatoriale, ont décidé de rentrer au pays, mais malheureusement pour eux le destin en a décidé autrement".
Dans une autre réaction, Nourane Foster, député du Parti pour la réconciliation nationale (PCRN), abonde dans le même sens, pointant du doigt ces compatriotes qui "tentaient de s’échapper du traitement dégradant et avilissant du pays ami [la Guinée équatoriale, ndlr]. En voulant fuir la mort, ils ont trouvé la mort. Où est l’État?", s’interroge-t-elle.
Pour Auréole Tchoumi, secrétaire national à la communication de l’Alliance des forces progressistes (AFP), parti d’opposition, "ce drame est la résultante d'une diplomatie flegme et sans grande consistance du Cameroun".
Si officiellement l’ambassade du Cameroun à Malabo n’a pas encore communiqué sur l’identité ou les raisons de la présence d'autres Camerounais à bord de ce navire de marchandises, la réaction de la classe politique locale est surtout consécutive à une récente opération contre des immigrés illégaux en Guinée équatoriale. Depuis novembre dernier, la police équato-guinéenne a interpellé des centaines de migrants "en situation irrégulière" sur son territoire.
Une opération qui a vu l’arrestation de nombreux ressortissants de la zone CEMAC (communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), une région à l’intérieur de laquelle la libre circulation est pourtant officiellement actée depuis octobre 2017.
Parmi les personnes arrêtées, beaucoup de Camerounais qui constituent la plus forte communauté étrangère dans le pays. Coutumière de ce type d’opération, la Guinée équatoriale est pointée du doigt par de nombreux observateurs à l’instar de David Eboutou, spécialiste en histoire des relations internationales, comme la nation qui "retarde et décourage toute velléité de politique d'intégration sous-régionale".
Cependant pour Malabo, cette décision a été prise après avoir constaté
"la présence sur le territoire national d’un nombre excessif d’expatriés dans des conditions d’irrégularités"et rentre dans le cadre de "
la défense d’un intérêt national essentiel".
Depuis que ce pays d’Afrique centrale est devenu un Eldorado pétrolier, il suscite la convoitise de ses voisins et attire de nombreux Camerounais qui s’y installent pour bénéficier des retombées économiques de la manne de l’or noir. Une migration massive qui entraîne très souvent de l’insécurité et des tensions. Les ressortissants camerounais sont régulièrement accusés par Malabo de toutes sortes de dérives et trafics.