Un peu plus de 24 millions d’Algériens sont appelés aux urnes, samedi 27 novembre, pour élire leurs représentants dans des assemblées populaires de wilaya (APW, assemblées départementales) et les assemblées populaires communales (APC). Un double scrutin anticipé -il devait se tenir en novembre 2022- qui entre dans le cadre du "parachèvement du processus d'édification des institutions de l'État". Après la présidentielle de décembre 2019, l’amendement de la Constitution de novembre 2020 et les législatives de juin 2021, l’Algérie aura de nouvelles assemblées locales à la fin de ce mois. Pourtant, la population ne semble pas accorder un grand intérêt à ce scrutin.
FLN, le grand pardon
L’abstention reste la bête noire des autorités ces dernières années. Le taux de participation le plus bas, 30,2%, a été enregistré lors de la dernière législative. La classe politique est elle aussi consciente du manque d’intérêt des Algériens pour cette énième élection. "Il est vrai que nous sommes loin de l’engouement populaire des élections des années précédentes, mais notre parti se base actuellement sur ses militants et ses sympathisants qui restent nombreux", explique Khelifa Smati, candidat du Front de libération nationale à l’APW d’Alger, au micro de Sputnik.
"C’est notre base militante qui fera la différence le 27 novembre en allant voter en force. Bien entendu, nous espérons que le taux de participation soit élevé cette fois-ci. Nous ferons en sorte que les citoyens accordent de l’intérêt au programme et aux listes du Front de libération nationale (FLN) dans la capitale. Il est important que les Algériens choisissent leurs élus locaux, car ils sont en contact permanent avec eux", explique le candidat.
Khelifa Smati qui a fait l’essentiel de sa carrière dans les collectivités locales avant d’être élu député du FLN en 2002, estime qu'un véritable changement s’est produit à l’intérieur de sa formation politique. Véritable appareil d’État, le Front de libération nationale a longtemps été dirigé à partir du palais d’El Mouradia, le siège de la présidence de la République algérienne.
Smati, candidat FLN à l'assemblée populaire de la wilaya d’Alger.
© Sputnik . Tarek Hafid
"Ces 20 dernières années, l’élaboration des listes électorales était du ressort de parties externes au FLN. Pour ces élections, le secrétaire général a fait en sorte que les candidats soient choisis par les militants au sein des kasma et des mouhafadha (structures locales du parti)", met-il en valeur. Selon lui, sa candidature est une preuve du changement qui s’opère au FLN.
"J’ai été marginalisé pendant près de 20 ans, les secrétaires généraux qui se sont succédé à la tête du parti ont fait en sorte de m’écarter de toutes les élections. Je ne suis pas le seul, nous sommes des milliers dans ce cas. Notre seul tort est d’avoir soutenu Ali Benflis lors de l’élection présidentielle d’avril 2002. Il était alors secrétaire général du FLN et avait décidé de s’opposer à Abdelaziz Bouteflika qui venait d’achever son premier mandat. Nous avons été marginalisés, car nous avions soutenu le secrétaire général de notre parti", assure Khelifa Smati.
Campagne de proximité
Ces élections locales se caractérisent également par l’engagement en politique de "militants anti-pouvoir". C’est le cas d’Idir Tazerout, journaliste, candidat à l’APW de Tizi Ouzou sur la liste indépendante Assirem (espoir, en langue berbère). Membre fondateur du mouvement Barakat, qui s’était opposé au 4e mandat d’Abdelaziz Bouteflika en 2014, il participe pour la première fois à une élection.
"Mon engagement a été motivé par l’absence totale de l’État en Kabylie, particulièrement dans la wilaya de Tizi Ouzou. Nous l’avons constaté après les incendies qui ont dévasté la région, les populations sont restées livrées à elles-mêmes. Le pire des scénarios aurait été qu’il n’y ait pas de candidats et d’élections et que le gouvernement désigne des administrateurs à la tête des communes. Il est inconcevable d’avoir un fonctionnaire à la tête d’une municipalité, il n’agira jamais dans l’intérêt des citoyens", explique-t-il.
Assirem a présenté 50 listes dans les 67 communes de la wilaya de Tizi Ouzou. "Les candidats viennent de divers partis politiques, notamment du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et du Front des forces socialiste (FFS) qui sont très présents dans la région", souligne Idir Tazerout. Le journaliste assure "qu’il y a un réel engouement de la part de la population". Il donne l’exemple de la ville d’Azzazga où six listes sont en lice. Le journaliste est persuadé que la participation sera importante le jour du vote. "En Kabylie, le taux d’abstention a toujours été plus élevé que dans toutes les régions du pays. Mais cette fois-ci les gens vont voter, car la nature de cette élection fait que ce sont les habitants des villages qui sont candidats et qu’ils sont en contact permanent avec les électeurs", ajoute Idir Tazerout. Rendez-vous samedi 27 novembre pour voir si sa prédiction se réalisera.