Elle s’appelle Kawtar Benhalima et c’est elle qui représentera finalement le Maroc lors du concours de Miss Univers en Israël, le 12 décembre prochain. Âgée de 22 ans, cette étudiante en commerce, originaire de Marrakech, avait été élue première dauphine de Fatima-Zahra Khayat, avant que cette dernière ne se blesse lors d’une séance de sport et ne lui passe le flambeau.
Invitée sur le plateau de la chaîne marocaine 2M, la nouvelle lauréate est alors revenue sur cette occasion qui s’est offerte à elle: "J’ai été assez surprise. On ne voulait pas ça pour Fatima-Zahra… mais on a parlé et beaucoup de confiance et de gratitude s’est installé en moi, c’est devenu un moment de bonheur qu’on a partagé, et si Dieu le veut, je vais représenter le Maroc avec Fatima-Zahra à mes côtés".
Honorée de cette opportunité, après 40 années d’absence du Maroc au concours, la nouvelle miss était sûrement loin de s’imaginer que sa nomination provoquerait un tollé sur le Net.
Des origines algériennes…
En effet, son élection et plus particulièrement ses propos lors d’un oral n’ont pas fait l’unanimité auprès de certains internautes marocains.
"Je vais parler de ma grand-mère, qui est venue au Maroc quand il y avait la guerre en Algérie, avec peu de moyens, avec ses frères et sœurs, elle a grandi dans une famille où elle a appris à coudre, et c’était quelque chose qui était partagé avec ses frères et sœurs, et à travers le temps elle a utilisé ça comme une qualité pour aider les femmes au Maroc à construire leur indépendance […] elle leur apprenait à coudre"
La jeune marocaine a été ciblée par des commentaires négatifs et des attaques parfois virulentes, par des auteurs qui auraient préféré être représentés par "une Marocaine de souche".
Comme si ces attaques ne suffisaient pas, certains ont même appelé au boycott de Kawtar Benhalima, et le hashtag #boycottkawtarbenhalima s’est rapidement propagé. Dans la foulée, une pétition demandant son exclusion du concours a été créée par un groupe belgo-marocain. Celle-ci a tout de même récolté près de 900 signatures, et fait l’objet de plus de 400 partages sur Facebook.
"Le peuple marocain souhaite que le jury exclue ladite candidate, Kawtar Benhalima, et donner la chance à la 2e dauphine si bien sûr cette dernière correspond parfaitement au profil et surtout qu'elle honore le patrimoine marocain et surtout qu'elle se sente profondément marocaine et prête à défendre le patrimoine et l'héritage culturel marocains peu importe ses origines, sa religion ou sa couleur de peau!",écrit l’auteur de cette pétition.
De l’autre côté de la frontière marocaine, des médias algériens ont titré que le Maroc sera "représenté par une Algérienne", donnant lieu à des réactions satiriques sur Twitter. Certains n’ont pas hésité à rappeler que l’ex-Président algérien Abdelaziz Bouteflika était né au Maroc.
Fort heureusement, certains internautes soutiennent la jeune femme et voient carrément en son élection un "événement divin" qui tombe à point nommé pour rapprocher les deux peuples.
Même son de cloche pour une chroniqueuse du site d’information marocain Le360, qui s’est elle aussi insurgée contre la haine déversée à l’encontre de la nouvelle miss: "Qu’ils se rassurent, les parents de Kawtar Benhalima sont bien Marocains". Avant d’ajouter: "Ce qu’on aurait presque souhaité tant toute cette histoire est ridicule, c’est que Kawtar Benhalima soit pour la peine 100% algérienne et qu’elle représente notre pays le Maroc à ce concours. Quel beau message de paix et de fraternité ça aurait été".
Contactée par Sptunik, l’équipe du concours au Maroc quant à elle ne souhaite pas alimenter une polémique "qui n’a pas lieu d’être" et poursuit sa mission malgré les attaques ciblant la jeune femme: "Les préparatifs se passent relativement bien, nous faisons le nécessaire pour préparer au mieux Kawtar Benhalima à la compétition", confie Saad Bennani, président et directeur de Miss Univers Maroc, qui ajoute que "des internautes soutiennent Kawtar, l’encouragent et souhaitent la voir porter les couleurs du Maroc à l’international".
Cette polémique autour des origines algériennes de la candidate intervient dans un contexte de regain de tensions entre les deux voisins nord-africains. Sur fond de crise autour du Sahara occidental, l’Algérie a annoncé la rupture des relations diplomatiques avec son frère ennemi le 24 août dernier, alors que les relations ne cessaient de se dégrader.