Une mutualisation des efforts pas si évidente
"Face aux menaces djihadistes, il est évident qu’il faut une réponse collective. Or il y a encore des États qui semblent réticents. D’autres préfèrent organiser leur petite cuisine avec les djihadistes pour éviter des attaques sur leur sol. À cela il faut ajouter la méfiance qui existe entre certains chefs d’État. Je reste convaincu que lorsque ces États parviendront à une dynamique réellement unitaire et solidaire ils pourront venir à bout de cette menace même si le risque zéro n’existe pas", soutient-il.
La délicate question du financement
"La force de 3.000 hommes envisagée depuis février 2020 par l’Union africaine est une réponse à l’effort qui est fait ces dernières années pour contrer les menaces djihadistes. Mais une question essentielle demeure, celle de savoir de quels moyens disposeront ces soldats pour un apport qualitatif. La seule volonté des États africains de mutualiser leurs forces ne suffirait pas à juguler les menaces présentes au Sahel. Il leur faut nécessairement trouver des moyens [financiers et matériels, ndlr] et pourtant, nous savons qu’ils en manquent cruellement. Il va peut-être alors falloir rogner sur les budgets de certains secteurs, mettre en place des taxes...", déclare-t-il.
Quelle place pour ces 3.000 soldats au Sahel
"C’est au pied de l’édifice à construire qu’on reconnaît le maçon. Nous, Africains, sommes les premiers à faire le reproche, à Barkhane notamment, d’être au Sahel sans que ses actions ne produisent les résultats escomptés. Si donc l'Union africaine décide d’y envoyer une force qui aura les moyens de sa politique, il faudra lui laisser le temps de se déployer, et à partir de là on se prononcera valablement. Auquel cas, tout reproche fait dès maintenant ne serait que conjecture, procès en sorcellerie ou jugement de valeur", conclut-il.