Depuis le 17 juin 2021, il n’y a plus d’obligation du port du masque en extérieur. Mais le temps de faire tomber le masque n’est pas encore venu pour tout le monde, puisque les préfets peuvent imposer dans leur département le port du masque dans certains lieux publics ouverts. Ainsi depuis le 2 novembre, le département des Alpes-Maritimes impose-t-il le masque dans les brocantes ou les marchés alimentaires.
Les marchés de Noël approchant, faut-il s’attendre à la généralisation de cette mesure? Quelle est son efficacité? Pascal Crépey, enseignant-chercheur en épidémiologie et biostatistique à l’École des hautes études en santé publique de Rennes, assure au micro de Sputnik que "la généralisation du masque à l’extérieur a juste simplifié la contrainte [générale, ndlr] du port du masque plus qu’autre chose".
"Le risque est relativement faible"
Notre interlocuteur confirme que le port du masque à l’extérieur "a du sens dans les endroits bondés, avec une importante densité de personnes", mais qu’en dehors de ces contextes, particuliers, "ça n’a pas beaucoup de sens".
Néanmoins, une situation parfaitement banale peut changer de bout en bout la donne. Si on croise quelqu’un dans la rue et qu’on lui parle pendant cinq à dix minutes et que cette personne est infectée, on court un risque d’être infecté.
"Va-t-on avoir le réflexe de mettre un masque au moment où on croise une personne que l’on connaît? Je n’en suis pas sûr", nuance le scientifique.
Ainsi, il va falloir que les Français acceptent ces nouvelles règles de comportement. Mais est-ce que ce contexte exceptionnel, consistant à protéger deux personnes discutant dans la rue justifie d’imposer à tous le masque à l’extérieur, partout et tout le temps? "Je ne suis pas sûr", confirme l’expert.
"La situation épidémiologique ne le justifie pas"
Mais surtout, d’après Pascal Crépey "pour le moment, la situation épidémiologique ne justifie pas" le port généralisé de masque à l’extérieur. Malgré une montée significative ces sept derniers jours, le taux d’incidence –72,55 pour 100.000– reste "suffisamment faible pour que le risque d’être en contact avec une personne infectée dans une foule soit relativement faible".
"Dans tous les cas, s’il y a risque de contamination, ce sont des contaminations de personne à personne et non des risques de clusters massifs. À l’air libre, les aérosols infectieux ne sont pas accumulés. Ils ne peuvent pas infecter beaucoup de personnes d’un coup", détaille Pascal Crépey.
Notre interlocuteur assure que "tant que la circulation du virus en population en générale est mesurée", le port de masque à l’extérieur ne se justifie pas. Mais "si la situation épidémique changeait" et que l’on retrouvait des niveaux d’incidence très élevés, "la question pourrait se reposer".