Prêt à l’exploitation, le Nord Stream 2 attend une autorisation qui devrait être délivrée par le régulateur allemand début 2022. Certaines personnalités politiques du pays appellent à accélérer son lancement alors que la crise énergétique bat son plein.
Parmi elles: le Premier ministre bavarois Markus Soder. Dans une interview accordée à Bild, il estime que la mise en service du gazoduc favoriserait la stagnation des prix du gaz sur le marché européen.
"Nous avons besoin d’un frein pour l’hiver et d’une stratégie qui assurera la livraison de gaz en Allemagne. Il s’agit entre autres du lancement du Nord Stream 2".
Norbert Walter-Borjans, président fédéral du Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD), en tandem avec Saskia Esken, soutient également la mise en service du gazoduc. Selon ses dires, son exploitation pourrait aider le pays à atteindre la neutralité carbone.
"À mon avis, l’indépendance n’est pas assurée par la rupture des liens avec les autres, mais plutôt par le maintien du plus grand nombre possible de liens avec le plus grand nombre de partenaires", souligne-t-il auprès du Augsburger Allgemeine.
Dans l’attente d’une autorisation
La première conduite de gaz étant déjà remplie, la Russie peut mettre en service le gazoduc à tout moment.
"Si le régulateur allemand autorisait demain des livraisons via le Nord Stream 2, la Russie le mettrait en service le lendemain", notait le Président russe. La seconde sera remplie vers la mi-décembre, a-t-il précisé.
OMV, un des sponsors européens du Nord Stream 2, table sur la fin du mois de décembre.
Chargée d’autoriser les activités des secteurs des télécommunications et de l’approvisionnement en énergies, l'Agence fédérale des réseaux a reçu en septembre des documents en vue de certifier Nord Stream 2 AG comme opérateur indépendant de transport de gaz. L’examen du dossier devrait prendre environ quatre ans. Sa décision est attendue le 8 janvier 2022, puis elle sera transmise à la Commission européenne.
La finalisation de la construction du Nord Stream 2, long de plus de 1.200 kilomètres et d'une capacité de 55 milliards de mètres cubes par an, a été annoncée le 10 septembre 2021.
Crise de l’énergie
Alors que les prix des énergies s'envolent en Europe, plusieurs facteurs sont susceptibles d’être à l’origine. Parmi eux figurent notamment le faible niveau de gaz dans les stocks européens, la pénurie d’énergie produite par les éoliennes, une demande accrue en matières premières associées à la reprise économique, ainsi que la non-livraison de huit milliards de mètres cubes de gaz par les États-Unis depuis le Moyen-Orient vers l’Europe.
La Russie est également dans la ligne de mire de certains, accusée d’avoir diminué ses livraisons de gaz en Europe. Une accusation démentie à plusieurs reprises par les autorités russes. Vladimir Poutine a d’ailleurs fait savoir que le géant gazier avait augmenté cette année ses livraisons de 10%, alors que l’augmentation de l’ensemble des livraisons russes de gaz est estimée à 15%, contrairement aux déclarations de l’Occident sur ce sujet. Le Président a également assuré pouvoir les augmenter davantage en fonction des demandes.