Bien que la mairie de Paris et le gouvernement se soient accordés pour aménager dans la capitale des
Haltes soins addiction (HSA), 17 collectifs, 9 associations et le Musée du chocolat de Paris s’unissent pour soumettre une lettre commune à Emmanuel Macron demandant de réviser cette initiative, rapporte Le Parisien.
Ils déplorent "la situation dégradée de nos quartiers dans le nord-est de Paris, d’autres secteurs de la capitale et de la proche banlieue en raison notamment de la crise du crack et des autres drogues dures qui les gangrènent" malgré des alertes systématiques faites aux pouvoirs publics dont les politiques se montrent "inefficaces".
Ce groupe évoque la multiplication des HSA pour les
usagers de stupéfiants à Paris et en petite couronne comme "la seule solution proposée par la Ville de Paris, avec l’accord du gouvernement".
Ils estiment que ces établissements "auront pour objectif principal l’accompagnement de l’addiction afin de réduire les risques pour les toxicomanes, sans viser l’abstinence pérenne, pourtant essentielle".
Ces collectifs appellent ainsi à étudier "d’autres voies que ces HSA" proposant à titre d’exemple "celle des communautés thérapeutiques dont les résultats sont probants".
Le feu vert à cette initiative a été donné le 15 septembre par Jean Castex après des mois d'impasse. Le 23 septembre, le ministre de la Santé a annoncé l’intention de prolonger pour trois ans l'expérimentation des salles de consommation à moindre risque (SCMR) qu’il a renommées Haltes soin addiction, comme l’a expliqué Olivier Véran, "afin d’en finir avec les caricatures sur les "salles de shoot" et insister sur l’accompagnement".
Pour l’instant, il n'existe que deux structures du genre en France: à Strasbourg et à Paris. Pour la capitale, Anne Hidalgo avait initialement proposé
quatre nouveaux sites ayant "vocation à s'inscrire dans le cadre expérimental offert par la loi du 24 janvier 2016" qui les autorise.
Cette mesure devrait également faire retomber les fortes tensions dans le Nord-est parisien, où la consommation de crack, substance dérivée de la cocaïne, très addictive et bon marché, empoisonne la vie des riverains en proie à un espace public dégradé.
Dans une interview au Figaro, Guy Sebbah, responsable des addictions au sein de SOS Solidarités, qualifie pourtant "l'approche de la mairie" de "bonne".
L’Assemblée nationale a adopté le 26 octobre le projet de loi de financement de la Sécurité sociale dont l’article 43 permet la prolongation des Haltes soins addictions. Il permet à un CSAPA (centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie), à un CAARUD ou à une unité mobile de mettre en place ce dispositif. Ces HSA pourront être déployés dans les mêmes locaux que ces centres, dans des locaux distincts, ou être situés dans des structures mobiles, indique la Fédération Addiction sur son site officiel.