Le capitalisme moderne est incapable de "produire des humains", selon le patriarche Kirill

Pour le chef de l’Église orthodoxe russe, les fidèles en Russie comme dans les pays occidentaux sont confrontés aujourd’hui "aux mêmes défis" face à l’effritement du "sentiment moral" dans le monde hypermatérialiste.
Sputnik
"L’évangile capitaliste" n’est pas moins dangereux que les dogmes du marxisme qui ont entraîné la mise en place d’un "ghetto social pour les classes ennemies" en URSS, a estimé le patriarche Cyrille de Moscou et de toutes les Russies dans un entretien accordé à Forbes France.
"Les chrétiens des pays européens, attachés aux idéaux évangéliques de mesure dans l’attachement aux biens matériels et de don de soi dans le service du prochain, s’inscrivent de moins en moins dans le tableau idéal du monde de la consommation", constate le chef de l’Église orthodoxe russe.
Dans ce contexte, les religieux sont tenus à rappeler à ceux qui sont aux leviers des commandes économiques "qu’ils sont responsables devant Dieu et ses créatures" et doivent ainsi "prendre soin du bien–être des travailleurs".
Selon lui, les fidèles en Russie comme dans les pays occidentaux sont confrontés aujourd’hui "aux mêmes défis, causés par les changements dans les économies nationales":
"Les passions humaines n’ont pas de frontières. L’oligarque qui ne pense qu’à son porte–monnaie est aussi répugnant en Russie qu’en Allemagne ou en France. L’Église russe exerce son ministère dans de nombreux pays du monde, aussi bien dans la Communauté des États indépendants que loin au-delà", insiste l’ecclésiastique.

Un "cercle vicieux" et un effondrement qui se profile

À ses yeux, les corporations occidentales se servent de l’absence du "sentiment moral" et du "désir de servir le prochain" qui marque le monde contemporain. Pour le patriarche Cyrille, les marchandises et les services personnalisés ciblent les "exigences égoïstes du consommateur" et nourrissent l’habitude de "recevoir tout et tout de suite".
"Mais, et c’est un "petit" problème pour le capitalisme, les égoïstes ne se reproduisent pas. Le nombre de consommateurs potentiels diminue, car, même avec une meilleure qualité de vie, l’Homme reste mortel", explique-t-il.
Face à son incapacité de "produire des humains", le capitalisme moderne se voit contraint de chercher de nouveaux consommateurs dans les régions du monde "où les modèles de conduite sont différents", poursuit le patriarche, évoquant "un cercle vicieux qui se terminera forcément par un effondrement".

Famille traditionnelle, garante de l’avenir

Pour éviter une telle issue, les sociétés capitalistes doivent selon le chef de l’Église orthodoxe russe "investir matériellement et moralement dans la famille", qui constitue "une valeur fondamentale" et "non une marchandise ou un service":
"De plus en plus nombreux sont ceux qui le comprennent, dans les pays occidentaux également, prenant conscience que l’avenir de l’humanité est impossible sans la famille traditionnelle", conclut le patriarche.
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