Deux diplomates de l’ambassade russe en Serbie en poste à Pristina ont quitté le territoire de la république autoproclamée du Kosovo, a annoncé ce dimanche 24 octobre Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.
"Dès que les employés de la chancellerie à Pristina ont quitté le territoire du Kosovo, une nouvelle provocation a immédiatement eu lieu. Il s’agit d’une désinformation diffusée pour remettre en question le respect par la Russie de la résolution 1244 du Conseil de sécurité de l'Onu", a indiqué Mme Zakharova sur Telegram.
Elle a accusé les autorités kosovares d’organiser des provocations contre les diplomates russes et a rejeté toutes les "insinuations sur un prétendu changement de la position russe relative à la non-reconnaissance de la république autoproclamée".
Scandale diplomatique au Kosovo
Le 22 octobre, la Présidente de la république autoproclamée du Kosovo, Vjosa Osmani, a qualifié de personae non gratae deux employés de la filiale locale de l’ambassade russe en Serbie. Elle a accusé les diplomates de se livrer à des "activités ayant porté préjudice à la sécurité nationale" du Kosovo et promis de poursuivre sa collaboration avec ses "alliés américains et européens pour empêcher que le Kosovo soit victime des ambitions déstabilisatrices de la Russie".
L’agence de presse Telegrafi a publié le 23 octobre des photos montrant des diplomates russes en train de mettre leurs affaires dans le coffre d’une voiture et de traverser la limite administrative du Kosovo-Metohija.
Le ministère russe des Affaires étrangères a réagi en rappelant que les actions des autorités du Kosovo à l’égard de ses diplomates n’auraient pas de conséquences juridiques, puisqu’ils étaient accrédités auprès de la Mission d'administration intérimaire des Nations unies au Kosovo (MINUK). Moscou a appelé la MINUK à garantir la sécurité des employés de la chancellerie russe à Pristina dans le cadre de ses compétences.
L’ambassade de Russie en Serbie a pour sa part indiqué qu’aucune décision du Kosovo n’avait force de loi puisque Moscou ne reconnaissait pas l’indépendance du Kosovo, son "gouvernement et d’autres structures locales".
Double regain de tension au Kosovo
La situation s’est aggravée au Kosovo-Metohija à l’automne. En septembre, une quinzaine d’Albanais munis de couteaux ont attaqué des Serbes dans le sud de Kosovska Mitrovica. Le Président serbe Aleksandar Vucic a promis de prendre des mesures si les violences contre les Serbes ne cessaient pas.
Le 20 septembre, les autorités kosovares ont envoyé des unités de police spéciales dotées d’une vingtaine de blindés et comprenant des snipers aux postes de contrôle dans le nord du territoire. Elles ont également limité l’accès des voitures immatriculées en Serbie sur le territoire du Kosovo et refusé de prolonger la validité des plaques ayant le statut politiquement neutre de la MINUK portant la marque KS ("Kosovo").
Des Serbes du nord du Kosovo réunis pour manifester ont dû faire face aux commandos kosovars qui ont fait usage de gaz lacrymogènes. Des blindés serbes ont été déployés sur la route et des hélicoptères Mi-35 et chasseurs MiG-29 ont survolé la région. Les Serbes kosovars ont érigé des barricades près des postes de contrôle. Lors de négociations à Bruxelles fin septembre, Belgrade a accepté que les postes de contrôle soient protégés par la KFOR sous l’égide de l’Otan pendant deux semaines. Il a été décidé de mettre en place un groupe de travail dirigé par l’UE en vue de trouver des solutions durables.
À la mi-octobre, une opération spéciale des commandos kosovars à Kosovska Mitrovica et à Zvecan a fait monter la tension. Des centaines de personnes sont descendues dans la rue après ces raids. La police a fait usage de gaz lacrymogène, de grenades assourdissantes et a ouvert le feu. Une vingtaine de Serbes ont été blessés, dont un grièvement par balle.