Le gouvernement publiera un décret reconnaissant le cancer de la prostate comme maladie professionnelle pour les agriculteurs utilisant des pesticides, a annoncé le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie intervenant devant les sénateurs le 20 octobre.
Il y a une semaine, le 12 octobre, la commission supérieure des maladies professionnelles en agriculture (Cosmap) a rendu un avis favorable "sur le fait de reconnaître le cancer de la prostate comme maladie professionnelle pour ceux qui utilisent des pesticides à des fins professionnelles", a indiqué le ministre.
C’est une "avancée indispensable" pour les agriculteurs et salariés, victimes de l’utilisation des pesticides, a réagi Joël Labbé, sénateur Europe-Écologie-Les Verts (EELV), qui avait interrogé le ministre sur ce sujet.
Le sénateur demande que la reconnaissance soit relativement facile et qu’elle concerne les 40 dernières années.
"Il faut aussi qu'il y ait un effet automatique et que déposer un dossier ne soit pas un parcours du combattant", a-t-il avancé auprès du Figaro.
D’après lui, environ 40.000 dossiers sont en attente.
"Les études scientifiques alertent depuis longtemps sur ce lien entre cancer et pesticides, en métropole comme aux Antilles, où le scandale du chlordécone pèse lourd sur la santé des populations", a-t-il mis en avant. Сe pesticide a été utilisé pendant des décennies aux Antilles pour lutter contre le charançon de la banane, il est jugé responsable d'un taux record de cancers de la prostate en Martinique et en Guadeloupe.
Toujours le 20 octobre, le Parlement européen a voté des "objectifs contraignants" de réduction des pesticides vers 2030. Ce plan vise à réduire de 50% l'usage de pesticides et de 20% celui d'engrais, à baisser de moitié les ventes d'antimicrobiens pour les animaux d'élevage et à consacrer un quart des terres cultivées à l'agriculture biologique.
Le lien entre pesticides et maladies graves
D’après un rapport issu par l’INSERM en juin 2021 et se basant sur l’analyse de plus de 5.000 documents scientifiques, il existe "la présomption forte" d’un lien entre l’exposition aux pesticides et le cancer de la prostate. De plus, cette exposition engendre d’autres troubles: lymphomes non hodgkiniens, myélome multiple, maladie de Parkinson, troubles cognitifs, bronchopneumopathie chronique obstructive et bronchite chronique.
Par ailleurs, le même rapport souligne une présomption forte de lien entre l’exposition aux pesticides de la mère pendant la grossesse et le risque de certains cancers, en particulier les leucémies et les tumeurs du système nerveux central chez les enfants.