L’Algérie veut relancer le tourisme, secteur mis en jachère depuis plusieurs années à cause de la situation sécuritaire. Les professionnels semblent vouloir cibler en priorité les touristes russes. C’est dans ce cadre qu’un éductour d’une semaine aura lieu à partir du 22 octobre. Organisé par le ministère du Tourisme, le groupe public Hôtellerie et tourisme thermal (HTT) ainsi que des agences de voyages du sud algérien, il permettra à une centaine de représentants de tour-opérateurs, des journalistes et des influenceurs d’apprécier le potentiel de ce pays du Maghreb.
Le ministère du Tourisme algérien annonce sur sa page Facebook l’organisation de l’éductour au profit de la délégation russe.
Tin-Hinan et De Foucauld
En fait cette initiative a débuté par un couac. Prévu initialement du 15 au 23 octobre, ce séjour a été reporté d’une semaine à cause d’un problème de plan de vol de l’avion qui devait transporter le groupe jusqu’en Algérie. "Le problème a été réglé, ils voyageront avec la compagnie Air Algérie", assure à Sputnik une source du ministère du Tourisme algérien.
Les visiteurs russes auront droit à un programme particulièrement riche. Ils passeront une nuit dans la capitale puis le lendemain départ pour Tamanrasset à 1.900 kilomètres au sud d’Alger. Durant deux jours au cœur du Hoggar, ils auront l’occasion de visiter l’ermitage du père Charles de Foucauld construit au sommet du mont Assekrem à 2.780 mètres d’altitude ainsi que le site d’Abalessa qui abrite la tombe de Tin-Hinan (Antinéa), reine des Touaregs. Direction ensuite Djanet, où ils visiteront le parc culturel du Tassili. D’une superficie de 138.000 km², il est considéré comme l’espace qui comprend le plus de gravures rupestres au monde. Les visiteurs russes devraient également aller à la découverte de l’immense cité antique de Seffar ainsi que le Tadrart rouge, paysage rocheux parsemé de dunes ocres.
Après quatre jours dans le Sahara, retour vers le nord du pays où ils auront l’occasion de visiter les ruines romaines de Tipaza ainsi que la Casbah d’Alger. C’est un véritable challenge pour les professionnels algériens qui misent sur la réussite de cette opération. Contacté par Sputnik, Brahim Aflah Hadj-Nacer, directeur de l’agence Zyriab Voyages, estime que la clientèle russe devrait être attirée par "le tourisme balnéaire".
"Ce que nous savons des clients russes c’est qu’ils sont attirés par la mer et nous avons un fort potentiel dans ce domaine. Pour le tourisme balnéaire, ils constituent d’ailleurs la principale clientèle de pays comme la Tunisie et l’Égypte", indique-t-il.
Selon Brahim Aflah Hadj-Nacer, les professionnels algériens du tourisme doivent faire preuve de créativité pour intéresser les touristes russes. "Nous avons une côte magnifique avec des établissements hôteliers de qualité. Il y a bien entendu les infrastructures publiques qui datent des années 1970 qui ont été remises à neuf et également des établissements privés. Nous ne devons pas avoir honte et miser à fond sur notre potentiel", souligne-t-il.
Village balnéaire de Tipaza totalement rénové, une des nombreuses infrastructures conçues par l’architecte français Fernand Pouillon durant les années 1970.
Brahim Aflah Hadj-Nacer s’interroge sur l’intérêt de la clientèle russe pour le tourisme saharien, qui reste un produit spécifique axé découverte et aventure. "Il faudrait voir si la nouvelle génération sera attirée par le Sahara car c’est un produit spécifique. Il est vrai que la Russie est en train de changer et certains habitants de ce pays pourraient se laisser tenter par la découverte et l’aventure et séjourner plusieurs jours dans le désert", ajoute-t-il. Réponse dans quelques jours, au terme du séjour de la délégation russe.