"Absence de souveraineté sanitaire": Véran interpellé sur la pénurie de médicaments anti-cancer

Alors que la Ligue contre le cancer alerte sur la pénurie de médicaments anticancéreux, aggravée par la crise du Covid-19, le député LR Éric Pauget a interrogé à l'Assemblée nationale le ministre de la Santé sur ce fléau "qui démontre une absence grave de souveraineté sanitaire", appelant à "relocaliser la production des médicaments essentiels".
Sputnik
Lors d’une séance de questions d'actualité menée mardi 5 octobre à l'Assemblée nationale, le député Les Républicains (LR) des Alpes-Maritimes Éric Pauget a interpellé Olivier Véran sur les pénuries de stock des médicaments anticancéreux qui représentent un "grave enjeu de santé publique".

"Nous savons tous que face au cancer qui bouleverse la vie de quatre millions de Français, l’égalité n’est pas de mise", a-t-il déclaré, expliquant que les patients atteints de cancer sont menacés par un manque de médicaments.

Après avoir évoqué le cri d’alarme de la Ligue contre le cancer, il a mobilisé l’attention sur "l’augmentation préoccupante des ruptures de stock et des tensions d’approvisionnement sur les médicaments" depuis ces dernières années en qualifiant cette pénurie de "fléau qui ne cesse de s’aggraver" en France.

"Les chiffres sont alarmants. Nous sommes passés de 700 cas de tension d’approvisionnement en 2007 à 2.480 cas l’année dernière", a poursuivi l’élu.

Il a qualifié des conséquences humaines de "dramatiques" "puisque l’interruption et le report d’un traitement d’intérêt vital peuvent conduire à des pertes de chance de survie ou à des décès".

"Cette difficulté à nous procurer des médicaments démontre une absence grave de souveraineté sanitaire dans notre pays et doit nous appeler à bâtir une stratégie industrielle nationale de relocalisation de la production des médicaments essentiels", a souligné Éric Pauget.

Sur une proposition de la Ligue contre le cancer, l’élu a demandé au ministre de la Santé de former un établissement français du médicament.

Des mesures évoquées par le gouvernement

En réaction, Olivier Véran a reconnu le "problème d’accès à certains médicaments". Pour le contrer, il a évoqué un "décret stock" signé il y a quelques semaines "qui contraint tous les laboratoires qui vendent des médicaments thérapeutiques majeurs à conserver sur le territoire européen à destination des patients français de deux à quatre mois de médicaments pour limiter les risques de ruptures".
En outre, le ministre de la Santé envisage de soumettre au vote "la possibilité de donner aux pharmaciens et aux pharmacies hospitalières de fabriquer eux-mêmes les médicaments quand ils en sont capables si les laboratoires ne produisent plus suffisamment pour le marché français".

Un phénomène qui inquiète

Comme l’a souligné le député, la Ligue contre le cancer sonne l’alarme au sujet de la pénurie de médicaments anticancéreux.
Selon une enquête réalisée en 2019 par cette association avec l’Ipsos, 74% des professionnels interrogés indiquent avoir connu des pénuries de médicaments contre le cancer et 75% d’entre eux affirmaient que cela entraînait des pertes de chances de survie pour les patients.
En ce qui concerne les personnes atteintes de cancer, 94% d’entre elles confrontées à une pénurie éprouvent de l’incompréhension, de l’inquiétude ou de la colère.
Avec l’arrivée de la pandémie, la situation s’est aggravée davantage.

"La crise de la Covid-19 a engendré une hausse de la demande pour certains médicaments, ce qui a révélé les limites des systèmes de production, notamment provoqués par la délocalisation et la production à flux tendu", note la Ligue sur son site. "Les personnes malades subissent aujourd'hui directement les conséquences de l'errance des décisions industrielles et politiques".

La Ligue contre le cancer réclame plus de transparence et d'information à l'égard des malades et prône l'obligation de constituer un stock de "quatre à six mois" au lieu des deux mois minimum prévus par un décret entériné le 30 mars, et entré en vigueur le 1er septembre. L’association appelle également à rapatrier la fabrication des principes actifs en Europe.
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