"C’est pourtant l’une des questions majeures sur lesquelles nous attendons les militaires. Toute la classe politique guinéenne souhaite une transition courte, efficace et de qualité. Le Président Doumbouya nous a assurés que lui et ses collaborateurs n’ont guère l’intention de s’accrocher au pouvoir, encore moins de violer les valeurs et principes contenus dans la Charte de la transition qu’ils ont eux-mêmes proposée", rapporte à Sputnik Alioune Tine, président du think tank panafricain Afrikajom Center, qui revient de Conakry où une délégation de responsables de sociétés civiles africaines a été reçue par le Président guinéen.
"Les politiques craignent que les militaires, en demeurant trop longtemps au pouvoir, finissent par prendre leurs aises comme cela est arrivé avec le général Lansana Conté puis avec le capitaine Moussa Dadis Camara, dont le règne bref a fini en règlement de comptes entre factions de l’armée", rappelle Alioune Tine.
"Ni moi, ni un membre du CNRD ou des organes de la transition ne serons candidats aux élections à venir", a plusieurs fois répété le Président Doumbouya, en phase avec l’article 65 de la Charte qui exclut les membres du Conseil national de la transition [organe législatif] de toute participation aux élections organisées dans le cadre de la transition, et avec l’article 55 qui écarte "le Premier ministre et les membres du gouvernement" à venir.
"À mon avis, une transition de 18 mois est une option acceptable. À cet effet, la Cédéao [ndlr: Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest] se doit d’être flexible et reconsidérer son ultimatum de six mois donné à la junte pour assurer le retour à l’ordre constitutionnel en Guinée. Pour elle et pour son image, accompagner la transition en Guinée est la position la plus sage et la plus réaliste", souligne Alioune Tine.
"La crise est très profonde en Guinée et mérite une attention soutenue. C’est pour cela que la Cédéao doit absolument penser à désigner un médiateur et accompagner les autorités de transition dans cette nouvelle phase de son histoire politique. Le nom de l’ancien Président nigérien Mouhamadou Issoufou circule et ferait l’unanimité en Guinée. Issoufou est sorti par la grande porte du pouvoir au terme de deux mandats et a eu le prix Mo Ibrahim. Il a une légitimité politique et morale pour faciliter le dialogue politique en Guinée", suggère le président d’Afrikajom Center.