Effet Zemmour? La France va diviser par deux les visas délivrés aux Maghrébins

En plein débat sur l'immigration et à moins de sept mois de la présidentielle, la France a annoncé réduire drastiquement le nombre de visas délivrés aux ressortissants des pays du Maghreb. Suite à cette décision, une députée LREM a rétorqué que son parti s’engageait sur la question depuis des années, "contrairement à ce qu'affirme le RN".
Sputnik
Tandis que l'Algérie, la Tunisie et le Maroc refusent d’accepter le retour de leurs ressortissants expulsés de France, cette dernière a limité le nombre de visas accordés aux personnes provenant de ces pays, a-t-il été annoncé ce mardi 28 septembre.
Réagissant à cette décision, Olga Givernet, députée LREM de la 3e circonscription de l’Ain a assuré que le combat d’En marche sur la question de l’immigration n’était pas nouveau, rétorquant ainsi au Rassemblement national qui avait évoqué à plusieurs reprises l’inaction du parti au pouvoir.
"La France va réduire de moitié les visas pour les ressortissants du Maghreb. Contrairement à ce qu'affirme le RN, notre engagement ne date pas d’hier! Dès 2018, nous avons voté la loi asile et immigration, qui encadre clairement les reconduites aux frontières", écrit-elle.
Il est à noter que le tableau de bord interne de l’exécutif, consulté par Europe 1, indique que le nombre d’expulsions des ressortissants algériens, marocains et tunisiens a atteint un niveau tellement élevé que la France a durci les conditions d’obtention des visas.
Pour sa part, Philippe Ballard, porte-parole du RN, avait précédemment revendiqué sur BFM TV qu’en ce qui concernait l’immigration, c’était "nous [le RN, ndlr] qui [avions] fait le bon diagnostic et proposé les bonnes solutions depuis des années. Emmanuel Macron, comme souvent, ne va pas assez loin".
"Au Rassemblement National, on croit aux frontières, on croit à la France. Nicolas Sarkozy, c’était un million d’immigrés en plus en cinq ans. Il a aussi mis fin à la double peine", a-t-il encore ajouté.
Les discussions entourant la question de l’immigration en France ne datent pas d’aujourd’hui, mais ils semblent avoir pris un nouveau souffle et dominer les débats politiques français dans la visée de la présidentielle 2022. À sept mois de l’élection, l’islam et l’immigration sont largement traités par les candidats, thèmes de prédilection de la droite traditionnellement.

La réduction du nombre de visas décidée par la France

Ce mardi 28 septembre, Paris a fait savoir qu’il réduirait désormais le nombre de visas délivrés à des ressortissants algériens, marocains et tunisiens.
Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a sur Europe 1 partagé certains chiffres concernant l’immigration, confirmant les données relayées par la radio.
"C'est une décision drastique, c'est une décision inédite, mais c'est une décision rendue nécessaire par le fait que ces pays n'acceptent pas de reprendre des ressortissants que nous ne souhaitons pas et ne pouvons pas garder en France", a-t-il expliqué.
Gabriel Attal,
porte-parole du gouvernement
Il a en outre confirmé la baisse de 50% du nombre de visas délivrés pour les personnes en provenance du Maroc et de l'Algérie, et de 33% pour celles issues de Tunisie.
Qui plus est, le porte-parole du gouvernement a assuré qu’il y avait d’abord eu un dialogue avec ces pays qui refusent de délivrer des laissez-passer consulaires pour leurs ressortissants qui ont obligation de quitter le territoire français, qu’ensuite il y avait eu des menaces et que maintenant Paris mettait ces menaces à exécution.
Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur communiqués ce mardi à l'AFP, l'Algérie a délivré entre janvier et juillet 2021 un total de 31 laissez-passer consulaires pour 7.731 obligations de quitter la France (OQTF) prononcées, et 22 expulsions réalisées, soit un taux d'exécution de 0,2%. Ce taux est de 2,4% pour les OQTF concernant les ressortissants marocains, et de 4% pour les Tunisiens.

Les premières réactions

Pour sa part, le Maroc a déjà déclaré qu’il estimait "injustifiée" cette mesure de la France à l'encontre du royaume.

Nous avons pris acte de cette décision, nous la considérons comme injustifiée", a précisé le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, lors d'une conférence de presse donnée avec son homologue mauritanien, Ismaël Ould Cheikh Ahmed.

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