Le Salvador, à l’avant-garde du combat pour les cryptomonnaies?
Après une première acquisition de 400 bitcoins début septembre, faisant du Salvador le premier État au monde avoir officiellement acheté la célèbre devise virtuelle, il a récidivé le 20 septembre pour 150 unités supplémentaires. Une opération qui s’inscrit dans la logique de sa décision-surprise du 7 juin dernier de reconnaître la cryptomonnaie comme monnaie légale du pays, au même titre que le dollar américain. "Le dictateur le plus cool du monde" comme se proclame Nayib Bukele, le Président du pays, a réussi là un coup de communication planétaire.
Estelle Brack, économiste et fondatrice de la société KiraliT, indique au micro de Sputnik que "la raison" pour laquelle le Salvador a décidé d’acheter des bitcoins serait de "l’étanchéifier par rapport au cours du bitcoin à l’international".
À l’époque, la décision de légaliser le bitcoin avait entraîné des manifestations populaires. Critiquée par les organismes financiers internationaux, elle a été ainsi été qualifiée de "fausse bonne idée". Pour la docteure ès sciences économiques, l’achat du bitcoin "n’est pas tout à fait libertaire à 100%", puisque "quand on dit “acheter du bitcoin”, on sous-entend “utiliser la plateforme technologique bitcoin”". Ainsi, le Salvador "fait appel à une prestation auprès du bitcoin", puisqu’il passe par une plateforme et ses personnes à plein temps pour gérer la cryptomonnaie.
À l’instar des monnaies bien réelles, le bitcoin –monnaie virtuelle– possède son propre cours sur le marché des changes, où un grand acteur économique a "la capacité de faire varier le cours et la valeur du bitcoin d’une façon très importante".
La décision d’acquérir 150 bitcoins "au moment de la baisse de sa valeur", comme l’a souligné publiquement le Président salvadorien, perce dans un contexte où "au moins 80 pays" réfléchissent à "offrir une version digitale de leur monnaie nationale".
Cependant, plusieurs pays ont déjà pris les mesures drastiques contre l’avancée du bitcoin. La
Turquie a interdit les paiements en cryptomonnaie en avril dernier, ce qui a provoqué la perte de 4% de sa valeur. Deux mois plus tard,
l’État chinois a rendu illégaux les cryptomonnaieset leur minage ("
fabrication", sans entrer dans les détails techniques) sur son territoire, afin de garantir le monopole du yuan numérique. Une tendance qui risque de s’affirmer face au rôle croissant du bitcoin à l’international.
D’autres pays comme la Bolivie, le Maroc, l’Algérie, l’Égypte, le Népal ou encore le Bangladesh
ont interdit le bitcoin. En France, il n’a pas de cours légal, à l’instar des devises émises par les Banques centrales, mais aucune directive française ou européenne n’interdit son utilisation.
Malgré la très grande volatilité du bitcoin, confirmée par le
dernier yo-yo boursier où la cryptomonnaie a chuté de près de 12%, avant de se redresser, certains experts le voient comme le "
nouvel or".
Ainsi, les bons vieux lingots ont-ils encore de beaux jours devant eux, même si le bitcoin reste "un investissement, un actif dans le sens de la terminologie que l’on utilise en France". Malgré "une demande pour un véhicule monétaire international auquel tout le monde aurait librement et facilement accès", le bitcoin doit encore faire ses preuves.