"Lors de la guerre franco-algérienne (1681-1688), déclenchée par le roi Louis XIV, l’amiral Duquesne avait été chargé de bombarder Alger avec des bombes incendiaires. Le bombardement nuit et jour avait été responsable de la mort d’un millier d’Algériens. Pour se venger, le dey Hadj Husaïn a ordonné la mise à mort en 1683 de Français présents dans la ville, dont le vicaire apostolique et consul du roi de France, le père Jean Le Vacher", a-t-il indiqué.
"Aujourd’hui encore, les experts et des officiels français font référence à une fausse histoire sur les conditions de la mort du consul Jean Le Vacher pour justifier la punition infligée depuis 191 ans à Baba Merzoug. Dans l’imaginaire français, il reste le canon meurtrier. Il est utile de s’interroger sur le maintien de la symbolique de ce coq posé sur Baba Merzoug dans un pays qui a engagé un travail mémoriel apaisant. Nous sommes toujours dans une vision d’une France revancharde en utilisant un bien culturel", souligne Faïza Riache.
"Ce canon n’appartient à aucun musée de l’armée française. Pour qu’une pièce soit considérée muséale, elle doit avoir une appellation ou un titre, un numéro d’inventaire, une datation, une description précise des matériaux et des techniques de fabrication. Dans le cas de Baba Merzoug, nous avons vérifié tous les registres, nous n’avons pas trouvé une quelconque inscription. Si ce n’est pas une pièce muséale, l’État français ne peut pas s’opposer à sa restitution. Nous ne sommes pas dans le cas des crânes des combattants algériens du XIXe siècle dont la restitution officielle est passée par un long processus de déclassification qui a nécessité l’approbation du Sénat", a-t-elle souligné.
"Avec le temps, la population de Brest s’est approprié le canon qui a été appelé Père fortuné. Pendant de nombreuses années, des Brestois tournaient autour du Baba Merzoug et le touchaient afin d’avoir la baraka du géant de bronze qui avait apporté la fortune à Alger ", affirme Me Benbraham.