Si les Verts remportent les élections fédérales prévues le 26 septembre, le nouveau gouvernement allemand pourrait réviser les accords avec la Russie sur le Nord Stream 2, estime Urs Unkauf, représentant de l’Association fédérale allemande pour le développement économique et le commerce extérieur, dans une interview accordée au journal russe Izvestia.
«Si les Verts arrivent au pouvoir, il y aura des difficultés d'approvisionnement en gaz naturel, il y aura une révision de certains accords. Mais même si les Verts ne sont pas à la tête de la coalition, la formation d'un nouveau gouvernement mènera à la révision de la politique énergétique de l'Allemagne dans le cadre du nouveau paradigme "vert"», a noté l’expert.
Il a constaté la fin des travaux du gazoduc Nord Stream 2, ce qui permettra sa prochaine mise en service.
«Mais si les Verts arrivent au pouvoir, l’Allemagne sera plus exigeante dans les négociations avec Moscou dans le secteur de l'énergie, puisque le parti Les Verts ne connaît pas suffisamment la Russie. Les politiciens "verts" n'ont pas établi de liens avec la Russie ces dernières années, et cela pourrait également affecter la politique du nouveau gouvernement s'ils arrivent au pouvoir», a-t-il expliqué.
Il a également considéré que le lancement du gaz russe non seulement vers l'Allemagne mais aussi vers d'autres pays européens devrait créer de nouveaux liens pour «assurer la stabilité de [leurs] relations».
Les chances de victoire des Verts
Pour l’instant, ce scénario reste peu probable, car, selon les sondages, les Verts ne reçoivent que de 15 à 17% des intentions de vote contre 20 à 22% affichées par l'alliance conservatrice CDU-CSU de la chancelière Angela Merkel.
Par contre, c’est le parti des sociaux-démocrates (SPD) qui a de fortes chances de remporter ces élections avec 26% d'intentions de vote, indique la dernière enquête INSA pour le journal Bild am Sonntag publiée le 19 septembre.
La politisation du projet Nord Stream 2
Le gazoduc Nord Stream 2, annoncé par Moscou comme un projet «purement commercial», a été accompagné de vifs débats politiques tout au long de sa construction.
Les États-Unis qui font la promotion de leur gaz naturel liquéfié (GNL) en Europe avaient d’abord introduit des sanctions visant Nord Stream 2 AG avant de les lever quelque temps plus tard, car la construction du gazoduc était presque terminée.
L’Ukraine, qui craint de perdre les revenus qu’elle tire du transit du gaz russe après la mise en exploitation du gazoduc Nord Stream 2 qui relie la Russie à l’Europe en contournant le territoire ukrainien, s’oppose également au projet et tente d’obtenir le soutien de Washington.
Après le lancement du gazoduc, l’Europe pourra bénéficier d’un acheminement de gaz russe en quantité plus grande, ce qui pourrait également influer positivement sur les prix du gaz qui connaissent actuellement des turbulences sur le marché de l’énergie.