Soutenue par le PS mais «libre»: la candidature ambivalente d’Hidalgo

Anne Hidalgo, seule membre du PS à s’être déclarée candidate à la présidentielle, ne s’est pas rendue au Congrès du parti. Elle a besoin de celui-ci, mais souhaite également s’en détacher pour toucher davantage d’électeurs, explique un de ses proches à BFM TV.
Sputnik
Moins d’une semaine après avoir officialisé sa candidature pour 2022, Anne Hidalgo était attendue au Congrès du Parti socialiste (PS) ce week-end à Villeurbanne. Son équipe a toutefois confirmé ce jeudi au Parisien qu’elle n’y participerait pas. Est-elle en train de prendre ses distances avec son parti?
«Il y a les journées du patrimoine, la journée sans voiture, la manif des anti-pass sanitaire. Elle dirige Paris, c'est normal qu'elle y passe ses journées», estime la porte-parole du PS Dieynaba Diop auprès de BFM TV. Elle devait également rester dans la capitale pour une séance de dédicace de son dernier livre «Une femme française».
Olivier Faure, tout juste réélu à la fonction de Premier secrétaire du parti, comptait néanmoins sur sa présence. «Je ne vois pas pourquoi elle se priverait de venir à un congrès qui va l'ovationner, sauf à être timide. Ce serait dommage pour elle», avait-il réagi dans Le Parisien. «Je suis fidèle à mon parti, mais je suis libre», avait répondu la principale intéressée.

Éloignement

Dimanche 12 septembre, jour de l’annonce de sa candidature, la maire de Paris avait précisé sur France 2 que «si le PS me soutient, c'est bien, tant mieux. Mais je suis la candidate de tous les Français». Son équipe de campagne abonde en ce sens sur BFM TV: «Elle a besoin des financements du PS et de ses militants pour que la campagne décolle. Et en même temps, elle a besoin d'élargir son socle électoral».
Bien que soutenue par M.Faure, Anne Hidalgo n’est pas la candidate officielle du PS. Un vote interne, dont la date n’a pas encore été dévoilée, doit encore en décider. En face, le maire du Mans Stéphane Le Foll lutte également pour obtenir l’investiture du parti.
François Rebsamen, qui a récemment démissionné de la présidence de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains (Fnesr) a réclamé dans Libération au moins un débat entre les deux candidats. «Quel est le programme? On ne peut pas découvrir les propositions dans la presse! Je n’ai rien contre Anne, d’ailleurs je l’ai soutenue lors sa réélection à Paris. Mais je veux savoir où on va et ce n’est pas possible d’avoir une réponse», déplore-t-il.

Parti faible?

Cet ancien patron des socialistes se montre d’ailleurs critique envers Olivier Faure, qu’il accuse d’avoir «opté pour l’effacement». «Olivier Faure parle de “renaissance” mais lors de son élection en 2018, il y avait 37.000 votants et cette année il y en a 22.000. […] Il n’y a pas de remise en question», fustige-t-il, toujours dans Libération.
Depuis 2017, le PS ne cesse d’être la cible de ses anciens membres. Pour Jean-Yves Le Drian, ancien socialiste qui a rejoint Macron, la formation politique s’est «retirée d’une certaine manière de la compétition», jugeant qu’elle n’est «plus le pilote de la gauche». Christophe Castaner, également venu du PS, a interrogé la semaine dernière sur France 3: «quel est le projet, quelles sont les idées qui sont sorties du PS en 4 ans?».
Loin d'être favorite dans les sondages, Anne Hidalgo n'est créditée pour le moment que de 7 à 9% des intentions de vote. Cette semaine, sa proposition de doubler le salaire des enseignants en cinq ans avait été critiquée par ses détracteurs, mais également dans son propre camp. «Il faudra affiner les propositions à l’avenir pour être crédible», a soufflé un parlementaire socialiste cité vendredi par RTL. Au final, la candidature Hidalgo pourrait se poursuivre à la fois avec et sans son parti. Une source au PS résume à l’AFP qu’elle pourra s'en affranchir pour partie ou «piocher dedans», car «il y a matière pour plus d'un quinquennat».
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