Pourquoi le Président polonais n’a-t-il pas reçu Merkel lors de sa visite?

Le Président polonais a refusé de recevoir Angela Merkel lors de sa dernière visite à Varsovie au motif d’un déplacement déjà prévu. Des médias allemands s’interrogent sur les raisons de ce manquement au protocole, la détérioration des relations politiques de longue date sur fond de construction du Nord Stream 2 et la tendance du «Polixit».
Sputnik
Au lendemain de l’achèvement de la construction du gazoduc Nord Stream 2 annoncé par Gazprom, la chancelière allemande n’a pas été reçue par le Président Duda lors de sa dernière visite en Pologne, le 11 septembre, avant la fin de son mandat.
Même si Varsovie en a été informée quelques jours à l’avance, les médias polonais suggéraient qu’Andrzej Duda ne pourrait pas la rencontrer en raison de son déplacement prévu à Katowice pour un événement commémoratif prévu le même jour.
«La chancelière aimerait le voir, mais elle comprend parfaitement [la situation, ndlr]», a déclaré le 10 septembre le porte-parole du gouvernement allemand Steffen Seibert.
Cette visite censée servir d'occasion de faire le point sur les enjeux bilatéraux actuels, selon le gouvernement polonais, «n’a pas été la plus amicale pour la chancelière», précise Die Welt.
Le quotidien souligne qu’elle a déjà été accueillie par des dirigeants de pays n’appartenant pas à l’Union européenne, comme les États-Unis et l’Ukraine, et met en relief ce manquement au protocole par le Président polonais.
Angela Merkel a toutefois été reçue par le Premier ministre Mateusz Morawiecki, avec lequel elle a mené des négociations sur un certain nombre de sujets, dont le Nord Stream 2 et le transit du gaz par l’Ukraine et la Pologne.

Les hypothèses allemandes

Du point de vue allemand, le refus de Duda de recevoir Mme Merkel est un affront et une preuve des relations difficiles entre les deux pays. Une relation des plus froides actuellement comme avec aucun autre pays partenaire, même si Varsovie occupe la cinquième place dans classement des partenaires commerciaux les plus importants de Berlin, avec un volume d'échanges de 122,9 milliards d'euros, dépassant ainsi l’Italie, poursuit Die Welt.
L'auteur de la publication avance que la décision du Président polonais pourrait être une réponse au refus de la partie allemande d’inviter le Premier ministre polonais aux consultations intergouvernementales à Berlin qui se sont tenues en juin.
La construction du Nord Stream 2 semble également avoir contribué à la détérioration des relations entre l’Allemagne et la Pologne qui s’y opposait. Enfin, cette visite d’adieu a eu lieu alors que la tendance du «Polixit», soit la sortie du pays de l’Union européenne, prend de l’ampleur, poursuit le quotidien allemand.
Les mêmes possibles raisons des relations tendues entre les deux pays ont été évoquées auprès de la Deutsche Welle par Kai-Olaf Lang du German Institute for International and Security Affairs, créant ainsi un paradoxe avec le rapprochement de leurs économies et sociétés sur fond de divergence dans leurs relations diplomatiques. «La déception mutuelle est énorme», conclut-il.
Varsovie défend la version du calendrier serré du chef d’État polonais. Interrogé par le Polsat News, il prône l’importance de rencontrer ses voisins:
«On a toujours envie de rencontrer chacun des voisins, car c'est important. Il y a de quoi parler avec la partie allemande – du Nord Stream 2, de la solidarité européenne, de ce qui se passe à la frontière est».
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