Kiev veut des garanties «sur papier» des USA et de l’Allemagne sur le transit de gaz russe

Embêté par l’achèvement de la construction du gazoduc russo-allemand Nord Stream 2 contournant l’Ukraine, Kiev exige de Washington et Berlin des garanties écrites sur la poursuite du transit de gaz russe via son territoire.
Sputnik
L’Ukraine insiste pour que soient inscrites «sur papier» les garanties de la part des États-Unis et de l’Allemagne quant au transit de gaz via le pays, a déclaré ce samedi Andreï Ermak, chef de l'administration présidentielle, lors du forum YES Brainstorming à Kiev.
Selon le responsable, la Russie a déjà commencé à utiliser le gazoduc russo-allemand Nord Stream 2 comme arme contre l’Ukraine.

Kiev ne veut pas perdre le transit

Il est également convaincu que la poursuite du transit de gaz russe par son pays reste «un dispositif de sûreté contre une agression d’envergure de la Russie contre l’Ukraine». Un jour avant, intervenant à ce même forum, le Président ukrainien avait admis la possibilité d’une guerre contre la Russie.
L'Ukraine va se battre contre l'exploitation du gazoduc Nord Stream 2, qui contourne son territoire, malgré l'achèvement du chantier et même après le commencement des livraisons de gaz, a déclaré à l'AFP vendredi le porte-parole de la présidence Sergueï Nikiforov.
De son côté, Moscou s’était déclaré prêt à poursuivre le transit de gaz via l’Ukraine, soulignant cependant que cela dépendait de nombreux facteurs, dont le volume d’achats européens.

Une opposition énergique

Gazprom a annoncé l’achèvement de la construction du Nord Stream 2, qui traverse la mer Baltique, le 10 septembre. L’entreprise espère commencer à fournir du gaz russe à l’Europe dès cette année. Les deux conduites du gazoduc devraient transporter 55 milliards de mètres cubes par an.
Les États-Unis, qui veulent imposer à l’Europe leur gaz naturel liquéfié, sont farouchement opposés à ce projet, également contré par l’Ukraine, qui utilise toujours les pipelines posés à l’époque soviétique pour le pompage vers l’Europe, et plusieurs pays de l’Europe de l’Est, dont la Pologne. Kiev a même envisagé de lancer des consultations avec les États-Unis et l’Allemagne sur d’éventuelles compensations après la mise en service du Nord Stream 2.

Un soutien à l’Ukraine

L’Allemagne et les États-Unis ont publié en juillet une déclaration sur les mesures de soutien à l’Ukraine. Les parties y déclarent qu’il est dans l’intérêt de Kiev et de l’UE que le transit de gaz par le territoire ukrainien continue après 2024, date d’expiration de l’accord russo-ukrainien ad hoc. Berlin a promis d’œuvrer pour prolonger cet accord pour une période allant à 10 ans et de nommer un envoyé spécial chargé des négociations à ce sujet. L’Allemagne s'engage notamment à obtenir des sanctions contre la Russie si elle utilisait l'énergie comme arme contre les pays européens.

Une flambée des prix

La controverse actuelle autour du Nord Stream 2 se déroule sur fond de hausse vertigineuse des cours du gaz en Europe due au manque de réserves en raison d’un hiver 2020-2021 très froid. En outre, une panne survenue à l’usine Gazprom de Novy Ourengoï avait provoqué une brève baisse des livraisons de gaz début août, créant ainsi les prémisses d’un déficit et encourageant une hausse des prix.
Mardi, le prix du gaz sur le marché européen dépassait les 660 dollars. Ce record a été battu le lendemain avec 670 dollars. Le prix a établi un nouveau record jeudi en dépassant les 700 dollars les mille mètres cubes.
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