Alger rejette toute idée d’un rapprochement avec Rabat. La rupture des relations diplomatiques avec le Maroc, annoncée officiellement le 24 août 2021 par le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra est sans appel. C’est ce qu’a indiqué une source algérienne de haut niveau à Sputnik.
«Un retour à la situation antérieure est absolument exclu dans le présent et dans l'avenir. La décision souveraine de la partie algérienne de rompre les relations diplomatiques est totalement fondée et appropriée compte tenu de la grave et persistante violation par le Maroc des engagements essentiels qui structurent les relations des deux pays», affirme notre source qui a requis l’anonymat.
Pour tenter d’inverser cette tendance, le Maroc ira-t-il jusqu’à se soumettre aux exigences que répète Alger depuis trois décennies: excuses, aveux, repenti définitif, traitement sincère des contentieux? Une chose est sûre, les Algériens ne sont pas prêts à rejouer le scénario de juillet 1988 qui avait permis aux deux pays de rétablir leurs relations après 12 années de rupture diplomatique. En effet, de leur point de vue, le roi Hassan II avait très vite renié ses engagements en matière de construction de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) et de règlement du conflit du Sahara occidental.
Rejet de toute médiation
Par ailleurs, Alger s’oppose fermement à toute initiative de médiation avec le Maroc et dément ainsi toute les «spéculations médiatiques» à ce sujet.
«L'idée réductrice et superficielle de médiation ignore la gravité des responsabilités du Maroc dans la dégradation chronique des relations algéro-marocaines et occulte l'ampleur des dommages politiques et moraux causés par les faits et les méfaits cautionnés de différents cercles marocains», insiste l'interlocuteur de Sputnik.
«Double jeu»
Depuis quelques jours, des médias -essentiellement marocains- ont annoncé la possibilité d’une médiation saoudienne ou mauritanienne pour œuvrer à un rétablissement des relations entre l’Algérie et le Maroc. Par ailleurs, un possible truchement européen a été évoqué le 26 août par le porte-parole aux Affaires étrangères de la Commission européenne, Peter Stano, au cours d’une conférence de presse, rapportent des médias espagnols et marocains.
Les récents événements qui se sont produits après la décision de rupture des relations sont venus conforter Alger dans sa position. Notamment le «double jeu», selon la même source de Sputnik, au plus haut niveau de l’État marocain au sujet des actions d’Omar Hilale, l'ambassadeur du Maroc auprès des Nations unies, qui avait provoqué la colère en distribuant une note diplomatique annonçant le soutien de son gouvernement au Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK, organisation classée terroriste par Alger) lors d’une conférence organisée le 14 juillet au siège de l’Onu. Le 27 août, soit trois jours après l’annonce officielle de la rupture des relations par l’Algérie, Saad El Othmani, le chef du gouvernement marocain, annonçait publiquement que l’initiative de l’ambassadeur à l’Onu «ne représentait pas la position officielle du Maroc».
Lundi 30 août à New York, l’ambassadeur Omar Hilale revient à la charge à l’occasion de la tenue du séminaire du Comité spécial de la décolonisation des Caraïbes en Dominique pour réaffirmer le soutien de son pays au MAK. «L'Algérie oublie qu'il y a des populations dans son propre pays qui réclament de pouvoir bénéficier de ce même droit à l'autodétermination», a déclaré le diplomate marocain en faisant le parallèle avec le droit à l’autodétermination pour le Sahara occidental. Pour Alger, cette réaction est une «preuve» qui atteste la volonté du roi Mohamed VI, «véritable chef de la diplomatie du Maroc», de maintenir sa logique d’hostilité envers l’Algérie.