Accueil de tous les élèves, port du masque obligatoire en intérieur, limitation du brassage… Le ministre de l’Éducation donne dans les colonnes du Journal du dimanche (JDD) du 22 août des précisions sur le protocole sanitaire en vigueur à la rentrée du 2 septembre. Une décision questionnée par les enseignants, alors qu’Olivier Véran prédit un pic épidémique «dans quelques jours».
Les quatre niveaux du protocole
En juillet, le ministère de l’Éducation nationale a publié le protocole sanitaire qui sera instauré dans les établissements scolaires. Il est réparti sur 4 niveaux, du moins inquiétant au plus grave: 1 (vert), 2 (jaune), 3 (orange) et 4 (rouge). M.Blanquer a apporté des précisions dans le Journal du dimanche du 22 août.
Selon lui, le niveau «jaune» sera enclenché dès la rentrée, mais les consignes du protocole peuvent changer en fonction de l’évolution de l’épidémie. Les élèves seront tous accueillis en présentiel. Concernant le port du masque, il est obligatoire dans les espaces clos. La limitation du brassage entre élèves de classes ou niveaux différents est requise. Les activités sportives se dérouleront en extérieur, mais autorisées en intérieur avec une distanciation de deux mètres en cas de mauvaises conditions météorologiques.
Les établissements n’exigeront pas le pass sanitaire. Cependant, les élèves non vaccinés cas contact devront être mis à l’isolement. L’idée est donc pour le gouvernement d’accélérer la vaccination des jeunes.
Préoccupations des enseignants
Le choix du «niveau 2» est questionné par les syndicats d’enseignants, qui redoutent une dégradation rapide de la situation après la rentrée.
«Ce protocole n’est pas à la hauteur du risque. Très vite, les classes vont recommencer à fermer, car la circulation virale à l’école primaire sera importante», juge Guislaine David, secrétaire générale du SNUipp, signataire d’une tribune collective de médecins et de professionnels de l’éducation.
Le Syndicat national des enseignements de second degré (SNES-FSU) a également fait part de sa colère suite aux précisions de Blanquer publiées dans un article réservé aux abonnés.
Pour la secrétaire générale du syndicat Sophie Vénétitay, les annonces ne répondent pas à plusieurs questions: «Qui va surveiller les élèves pendant qu'ils iront vers les points de vaccination, pendant les 15 minutes où ils attendront après la vaccination? Comment vont se passer les sorties scolaires dans les musées pour les non-vaccinés? Pour les élèves qui ne sont pas vaccinés il faudra un test, or ils vont devenir payants, donc est-ce que cela veut dire qu'il va y avoir une forme de discrimination?».
Mme David craint davantage de mobilisations des anti-vaccins. «Il y a des élèves qui pourraient décider d'être vaccinés dans leur lycée quand il y aura une campagne de vaccination et peut-être que leurs parents ne seront pas au courant», explique-t-elle sur Europe 1.
Le ministère de l'Éducation nationale précise pour sa part que les parents seront informés via les espaces numériques de travail ou les cahiers de liaison, quel que soit l'âge de leur enfant.
«Les huit jours suivant la rentrée vont être déterminants», prévient Ghislaine David.
Réponse de Véran
Le ministre de la Santé se montre lui «confiant», mais vigilant avant la rentrée.
«Dans quelques jours, il y aura la rentrée scolaire et actuellement il y a aussi de nombreux Français qui étaient en vacances dans les régions du Sud et du Sud-Ouest où il y a la plus forte circulation du virus, qui vont retourner dans des régions qui ont été peu touchées par la 4e vague, c’est pourquoi il faut être extrêmement vigilant», expose-t-il sur BFM TV.
Décès et hausse des hospitalisations chez les enfants
Le 22 août, l’Agence régionale de santé Occitanie a signalé au Figaro qu’un nouveau-né, «dont le test Covid-19 post-mortem s’est révélé positif», est décédé dans une maternité. Le média note qu’il pourrait s'agir du septième enfant de moins de 10 ans à mourir du Covid-19 en France depuis les premiers relevés statistiques, en mars 2020, de Santé publique France. Il s’agit pour la plupart de cas d’infection des nourrissons.
Selon des projections de l’Institut Pasteur, les enfants et les adolescents pourraient représenter la moitié des contaminations au mois de septembre.
«Si un enfant meurt alors qu'il est positif au Covid-19 et qu'il n'a aucune comorbidité, on peut se dire que c'est le virus. Mais s'il a des comorbidités, on ne peut pas l'assurer à 100%, même si c'est sûrement un accélérateur», précise auprès du Figaro Brigitte Virey, présidente du Syndicat national des pédiatres français (SNPF).
La hausse des hospitalisations infantiles inquiète aussi, surtout en Martinique, où 10 enfants sont actuellement hospitalisés, dont un en soins intensifs. Le président du Conseil exécutif de Martinique a même dû demander à Jean Castex des renforts hospitaliers, «alors que de nouvelles formes d'infections au Covid font jour pour les nourrissons et les jeunes mères».
À Nice, l’hôpital pédiatrique a accueilli 10 nourrissons de moins de trois mois en raison du variant Delta.
Un report de la rentrée demandé en Guadeloupe
En Guadeloupe, la rectrice et le préfet se sont joints aux élus de l’île, qui connaît une quatrième vague sévère de Covid-19, pour demander au gouvernement un report de la rentrée scolaire qui doit se tenir début septembre.
«Au vu de la gravité de la situation sanitaire actuelle, le préfet et la rectrice ont également exprimé leur préoccupation et leur attachement à œuvrer pour que toutes les garanties sanitaires et éducatives soient réunies pour le retour des élèves à l’école», indiquent-ils dans un communiqué commun publié dans la soirée du lundi 23 août.