L'Afrique de l'Ouest face à un record de décès dus au Covid-19

L’Afrique de l’Ouest est confrontée à des contaminations et à un taux de décès des suites du Covid-19 en forte en hausse. L’OMS s’inquiète et appelle à la vigilance. La situation pourrait se justifier par le faible taux de vaccination et la lassitude des populations quant aux gestes barrières, explique un épidémiologiste à Sputnik.
Sputnik
Une augmentation du taux des décès liés au Covid-19 estimée à 193% en l'espace de quatre semaines, c’est du jamais vu en Afrique de l’Ouest depuis le début de cette pandémie.
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«Bien que le taux de létalité se situe à 1,4 %, soit en dessous de la moyenne continentale de 2,5%, il est plus élevé que le taux de létalité recensé lors des deux vagues précédentes qui ont touché la sous-région (Afrique de l’Ouest)» affirme l’OMS.
À la date du 15 août, précise toujours l’OMS, alors que tout le continent africain a connu pour la deuxième semaine consécutive, une diminution du nombre de cas de Covid-19 (11% par rapport à la semaine précédente), «neuf des 23 pays confrontés à une résurgence se trouvent en Afrique de l’Ouest». Parmi eux, elle cite la Côte d’Ivoire, la Guinée et le Nigéria.

Covid, Ebola et Marburg

L’OMS se dit «particulièrement préoccupée», surtout que dans deux de ces pays (la Guinée et la Côte d’Ivoire), il y a eu ces dernières semaines une flambée de deux autres virus hautement contagieux et mortels.
Il s’agit du virus d'Ebola pour la Côte d’Ivoire, où un cas a été confirmé. 131 contacts ont été répertoriés, parmi lesquels six ont été mis en quarantaine car présentant un risque élevé. Une campagne de vaccination a été lancée par les autorités pour stopper la chaîne de transmission.
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En Guinée, c’est le virus de Marburg qui a été recensé le 09 août. Actuellement, 172 cas contacts sont sous surveillance. Aucune autre contamination n’a été signalée à ce jour. Aussi bien pour Ebola que pour Marburg, l'heure est à la vigilance pour les autres pays de la région.
«Combattre simultanément plusieurs épidémies est un défi complexe», a indiqué Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, citée dans le communiqué de jeudi.

Faible couverture vaccinale

L’OMS rappelle qu’environ 29 millions de doses de vaccins ont été convoyées dans la sous-région ouest-africaine pour les campagnes de vaccination. «Soit presque autant que dans la zone Afrique de l’Est et australe».
Cependant, «le rythme de déploiement du vaccin a été faible. À peine 38 % des doses ont été administrées, contre 76 % en Afrique de l’Est et australe, et 95 % en Afrique du Nord». Soit un taux de 2,4 doses de vaccin pour 100 personnes.
Ce taux très faible peut justement être l’une des causes de l’augmentation des cas et des décès dans la sous-région ouest-africaine, surtout «avec la circulation très probable du variant Delta partout» d’après Didier Ekouévi, épidémiologiste et enseignant chercheur à l’université de Lomé, président du Conseil scientifique de lutte contre le Covid-19 au Togo.
«Il y a effectivement beaucoup de décès, mais la couverture vaccinale reste très faible, environ 2 à 3%. Ce taux de couverture ne permet pas de protéger suffisamment la population. Et tout naturellement, le virus continue de circuler», affirme-t-il.
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Pour lui, il faut nécessairement rendre disponible un nombre maximum de vaccins dans les différents pays de la région et poursuivre la sensibilisation pour convaincre la population «de la nécessité de se faire vacciner et renforcer très rapidement la couverture vaccinale de la sous-région».
«C’est la seule arme que nous avons actuellement pour pouvoir lutter contre ce coronavirus», a ajouté Didier Ekouévi.

Relâchement des gestes barrières

L’universitaire togolais pense aussi que l’explosion du taux de décès ces dernières semaines en Afrique de l’Ouest peut aussi être due à une certaine lassitude de la population à appliquer les gestes barrières (se laver régulièrement les mains, porter des masques de protection, respecter la distanciation sociale, etc.).
«Je pense aussi que la population ouest-africaine est fatiguée par les différentes mesures de protection que nous appelons les gestes barrières. Par exemple dans toutes les grandes villes de l’Afrique francophone, on constate globalement qu’il y a un total relâchement de ces gestes barrières», affirme-t-il.
Il lance un appel aux leaders d’opinions à renforcer la sensibilisation à ce niveau aussi pour amener les populations «à intégrer dans leur tête qu’il faut continuer à respecter les gestes barrières tant que le virus continue de circuler».
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