Les souris et claviers des employés d’Amazon bientôt sous surveillance?

Amazon prévoit de suivre de plus près les claviers et souris de ses employés, afin d’éviter certaines fraudes. Un logiciel est à l’étude. Ce n’est pas la première fois que le géant américain s’intéresse à la surveillance de ses travailleurs.
Sputnik
Souvent soupçonnée de mettre la pression sur ses employés, jusqu’à empiéter parfois sur leur vie privée, l’entreprise Amazon fait face à une nouvelle polémique qui ne redorera pas son blason en la matière. Le géant américain compte en effet déployer un logiciel permettant de pister les mouvements de souris et de clavier de ses employés, rapporte Motherboard qui a eu accès à un document confidentiel.
Si le système n’enregistre pas directement ce que les travailleurs tapent, il pourra établir un profil basé sur leur rythme de frappe et de clic. Ce profil sera vérifié en temps réel, pour certifier que c’est bien l’employé qui travaille derrière son écran, et non un pirate. Un dispositif qui sera donc particulièrement destiné au télétravail. Amazon cite l’exemple de colocataires trop curieux, ayant fait un tour sur l’ordinateur d’employés qui avaient oublié de verrouiller leur appareil.
Plusieurs cas d’imposteurs ayant accédé de la sorte à des données de clients Amazon ont été recensés par des audits, précise le document relayé par Motherboard.
«Nous avons une faille de sécurité, car nous n'avons pas de mécanisme fiable pour vérifier que les utilisateurs sont bien ceux qu'ils prétendent être», est-il ainsi écrit.
Pour pallier ces «exfiltrations de données», le choix d’Amazon se porterait sur un logiciel baptisé BehavioSec. Pour contrôler les souris et claviers de quelque 750.000 employés, le géant américain pourrait débourser environ 1,3 million de dollars (1,1 million d’euros).
L’initiative doit cependant naviguer entre certains écueils juridiques, relatifs à la «collecte de données de frappe», rapporte encore le document interne. L’entreprise suit donc une ligne de crête pour tenter de concilier la protection de ses clients et les droits de ses salariés.
«Nous explorons et testons continuellement de nouvelles façons de protéger les données relatives aux clients tout en respectant la vie privée de nos employés», résume ainsi auprès de Motherboard Barbara Agrait, responsable principale des relations publiques chez Amazon.

Des employés fliqués?

Ce n’est pas la première fois qu’Amazon est ainsi pointée du doigt pour la surveillance de ses employés.
L’entreprise a notamment été critiquée pour son système de décompte du temps de travail, baptisé «Time off Task» («temps non travaillé»). Celui-ci mesure la productivité des ouvriers dans les entrepôts, leur envoyant un signal lorsqu’ils arrêtent de scanner des colis pendant un temps jugé trop long. Un assouplissement de ces types de contrôles a d’ailleurs été annoncé début juin.
En 2018, la compagnie avait également fait breveter un bracelet permettant de surveiller le travail des employés en entrepôt, rapportait le New York Times. Le dispositif était capable de vérifier la position des mains des travailleurs, et de se mettre à vibrer en cas de geste inapproprié ou d’inaction.
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