«Ce mouvement n’est pas destiné à s’éteindre: il est structurel des sociétés contemporaines», analyse Frederick Lemarchand devant les caméras de Sputnik.
Pour le sociologue, directeur du Centre de recherche risques et vulnérabilités de l’Université de Caen-Normandie, le mouvement anti-pass sanitaire qui agite le pays depuis désormais trois semaines consécutives, «protéiforme, mais fondamentalement antilibéral», ressemble à bien des égards au mouvement des Gilets jaunes.
«Comme les Gilets jaunes, c’est un mouvement qui se veut très horizontal, donc très difficile à saisir avec une grille d’analyse traditionnelle. C’est ce qui fait sa force, car le pouvoir politique a par conséquent peu de prise sur lui.»
Si l’on en croit notre interlocuteur, le mouvement anti-pass serait même dans la continuité de toutes les contestations sociales «depuis les années quatre-vingt-dix» en France. «Une partie de ce mouvement essaie de dire: “Nous ne souhaitons pas être récupérés par des institutions politiques issues de la Ve République, qui a fait son temps”. Le message est aussi politique, il n’est pas simplement sanitaire», estime Lemarchand. Et le sociologue de poser un regard finalement assez bienveillant sur les contestations anti-pass sanitaire, qui constituent selon lui, «une réponse intéressante aux questions qui sont actuellement posées»:
«Ce mouvement social est au fond quelque chose de très sain.»