Manifs anti-pass: «Le message est aussi politique, il n’est pas simplement sanitaire»
18:00 03.08.2021 (Mis à jour: 16:07 19.11.2021)
© AFP 2024 PHILIPPE LOPEZManifestation anti pass sanitaire à Bordeaux, 31 juillet 2021
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L’ampleur de la mobilisation anti-pass sanitaire semble déjouer les pronostics, alors que les autorités s’attendaient à une accalmie estivale. Trois ans après le début du mouvement des Gilets jaunes, vers une nouvelle vague de forte contestation sociale? Éléments de réponse avec le sociologue Frederick Lemarchand.
«Ce mouvement n’est pas destiné à s’éteindre: il est structurel des sociétés contemporaines», analyse Frederick Lemarchand devant les caméras de Sputnik.
Pour le sociologue, directeur du Centre de recherche risques et vulnérabilités de l’Université de Caen-Normandie, le mouvement anti-pass sanitaire qui agite le pays depuis désormais trois semaines consécutives, «protéiforme, mais fondamentalement antilibéral», ressemble à bien des égards au mouvement des Gilets jaunes.
«Comme les Gilets jaunes, c’est un mouvement qui se veut très horizontal, donc très difficile à saisir avec une grille d’analyse traditionnelle. C’est ce qui fait sa force, car le pouvoir politique a par conséquent peu de prise sur lui.»
Si l’on en croit notre interlocuteur, le mouvement anti-pass serait même dans la continuité de toutes les contestations sociales «depuis les années quatre-vingt-dix» en France. «Une partie de ce mouvement essaie de dire: “Nous ne souhaitons pas être récupérés par des institutions politiques issues de la Ve République, qui a fait son temps”. Le message est aussi politique, il n’est pas simplement sanitaire», estime Lemarchand. Et le sociologue de poser un regard finalement assez bienveillant sur les contestations anti-pass sanitaire, qui constituent selon lui, «une réponse intéressante aux questions qui sont actuellement posées»:
«Ce mouvement social est au fond quelque chose de très sain.»