Une école Samuel-Paty à Cap-d’Ail serait-elle une cible pour les terroristes? - photos

Une école maternelle de Cap d'Ail, dans les Alpes-Maritimes, prend enfin le nom du professeur Samuel Paty assassiné en 2020. Cette initiative du maire, votée par le conseil municipal, a divisé l’opinion publique dans la commune, suscitant notamment l’inquiétude de plusieurs parents d’élèves.
Sputnik

Une école maternelle azuréenne de Cap d'Ail, dans le département des Alpes-Maritimes, dévoile ce vendredi 16 juillet 2021 la plaque arborant son nouveau nom. L’établissement portera à partir d’aujourd’hui le nom de Samuel Paty, l'enseignant du collège de Conflans-Sainte-Honorine assassiné en octobre 2020 pour avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves.

​La cérémonie a été organisée à 16h30 en présence de la sœur de la victime, Mickaëlle Paty, fait savoir France Bleu.

L’initiative appartient au maire de la commune de Cap d'Ail, Xavier Beck (Les Républicains), et a été soutenue par la majorité des membres du conseil municipal exceptionnel réuni le 23 octobre dernier.

Une décision prise «dans l’émotion»...

Un des quatre élus de l’opposition qui ont voté contre la démarche, Romain Pommeret, considère que la décision a été prise «dans l’émotion» et qu’elle aurait dû être discutée plus sérieusement, selon la radio.

«Ce n'est pas que nous ne voulons pas lui rendre hommage, bien au contraire. Mais la religion, la politique n'ont pas leur place dans une école. Puis, cela érigerait cette école en symbole pour un terroriste. Je pense que les risques ont été minimisés et ce n'est pas parce qu'on nomme une école Samuel Paty que l'on est résistant. On peut résister avec d'autres moyens», a-t-il argumenté auprès de France Bleu.

… et qui inquiète des parents d’élèves

L’initiative est critiquée par plusieurs parents d’élèves, qui s’inquiètent que l’établissement devienne une cible pour des terroristes, a exposé France Bleu.

Pamela, mère de deux filles dont l’une est déjà scolarisée alors que l’autre fera sa rentrée dans un an, craint que le nom de Samuel Paty fasse courir un risque aux enfants.

«J’ai peur à cause de tous les attentats, les menaces... En plus, l'école n'est pas sécurisée. Ce n'est pas sensé de la part de Monsieur le maire de faire ça», a-t-elle confié au média.

Selon la radio, certaines familles ont déjà changé leurs enfants d’école ou y réfléchissent. Il y a des parents qui sont sûrs que les enfants sont trop petits pour «comprendre le symbole».

Le maire n’a pas revu sa décision

Interrogé par France Bleu en novembre 2020, Xavier Beck avait insisté qu’il fallait immortaliser le nom de Samuel Paty et voulu rassurer les parents avec l’exemple du collège de Pégomas (Alpes-Maritimes), qui a pris le nom du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, l’une des victimes de l'attentat du Super U de Trèbes (Aude) en 2018.

«Quand, au conseil départemental, nous avons décidé de donner le nom du colonel Beltrame à ce collège, il y a eu les mêmes craintes exprimées par les parents, des pétitions signées. Le collège, les élèves, les professeurs n'ont pas été la cible de terroristes. Il faut rendre hommage à ceux qui le méritent et ce serait dramatique si après la décapitation d'un professeur dans un collège on passe, pour reprendre le terme de certains, à autre chose», avait-il ainsi expliqué au micro de France Bleu l’année dernière.
En mémoire de Samuel Paty

Samuel Paty, enseignant français de 47 ans à Conflans-Sainte-Honorine, en région parisienne, a été décapité le 16 octobre 2020 par Abdoullakh Anzorov, un Tchétchène de 18 ans, pour avoir montré, lors de deux cours sur la liberté d’expression, des caricatures de Mahomet. 

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Ce brutal assassinat avait provoqué de vives réactions en France où plusieurs initiatives ont été lancées pour commémorer le nom du professeur.

Dans la capitale française, le Conseil de Paris a voté fin novembre 2020 pour qu’un endroit de la ville porte le nom de Samuel Paty.

Le conseil d’administration du collège du Bois-d’Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), où enseignait la victime, a annoncé en avril dernier l’installation d’un buste du professeur d’histoire-géographie, qui pourrait être inauguré en octobre 2021, soit un an après sa mort.

À Béziers, dans l’Hérault, les autorités de la ville ont entamé en mai dernier la construction d’un groupe scolaire baptisé Samuel-Paty.

Une initiative similaire à celle du Cap d'Ail avait également été lancée par le maire d’Ollioules (Var), Robert Beneventi. L’idée de renommer le collège local Les Eucalyptus en l’honneur de Samuel Paty a reçu l’accord de la famille du professeur assassiné et l’approbation du Conseil départemental du Var. Pourtant, un sondage interne a montré que 100% des professeurs de l’établissement, ainsi que 69% des élèves et 89% des parents étaient contre la proposition, qui a finalement été abandonnée.

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