L’année 2020 a connu une vague de manifestations contre le racisme, et la France n’a pas fait exception. Piégé par la comparaison entre la mort de George Floyd, lors de son interpellation par la police de Minneapolis, et celle d'Adama Traoré en 2016, le Président de la République a condamné le racisme, y voyant «une trahison de l'universalisme républicain», et déploré «une maladie qui touche toute la société».
Dans son rapport annuel publié ce jeudi 8 juillet, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) dresse le bilan de l’année 2020. «Sur la base d’une analyse critique des politiques conduites et en s’appuyant sur les observations des organes internationaux, la CNCDH formule une série de recommandations visant à mieux connaître, comprendre et combattre toutes les formes de racisme et de discrimination», écrit l’instance dans son communiqué.
Les préjugés reculent
De manière générale, «la tolérance envers les minorités continue de progresser» en France (1.983 en 2019, contre 1.461 en 2020), souligne la CNCDH. Toutefois, «certains préjugés» racistes ou xénophobes «restent très présents» en France.
Selon les résultats d’un sondage en ligne commandé par la commission et mené par Ipsos, 72% des personnes interrogées pensent que «de nombreux immigrés viennent en France uniquement pour profiter de la protection sociale», cite 20 Minutes. 59% déclarent que «l'islam est une menace contre l'identité de la France» (contre 62% en 2019). Par ailleurs, 45% des sondés pensent que «les Juifs ont un rapport particulier à l’argent» (48% en 2019). 33% estiment que «les enfants d’immigrés nés en France ne sont pas vraiment français» (40% en 2019).
Enfin, 58% affirment que «les Roms vivent essentiellement de vols et de trafics». En 2019, selon ce baromètre, les Roms étaient de loin la minorité la moins tolérée (36%), loin derrière les Maghrébins (72%) et les Noirs et les Juifs (79%).
Les actes antimusulmans en hausse
En revanche, les attaques racistes contre la communauté musulmane explosent. Le dernier trimestre de 2020 a connu une hausse de 40%, et de 52% sur l’ensemble de l’année écoulée. Selon les calculs de la CNCDH, les actes racistes, principalement des menaces, représentent 16% des préjugés racistes relevés par le ministère de l’Intérieur (8% en 2019).
D’après les experts de la commission, cela s’explique par la polémique autour de la loi «séparatisme» ainsi que par le meurtre de Samuel Paty.
Racisme anti-asiatique
En raison de l’origine géographique de l’épidémie, les faits de racisme anti-asiatique ont augmenté dans le monde, dont en France. L’institution s’appuie sur l’enquête de la sociologue Simeng Wang qui affirme que «30% des personnes interrogées […] déclarent avoir subi des actes de racisme (toutes formes confondues) depuis janvier 2020, majoritairement dans l’espace public et les transports» en France.
Compte tenu de la difficulté à mesurer l’ampleur de ce phénomène dans les chiffres, la CNCDH recommande au gouvernement d’élargir les moyens de recherche pour mieux prendre en compte cette forme de racisme.
Les musulmans victimes de racisme aidés par la Licra
La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) et la mosquée de Paris (GMP) ont signé le 19 mai dernier une convention de partenariat permettant aux victimes de «racisme antimusulman» de se tourner vers la Licra pour recevoir de l’aide juridique gratuite.
Partenariat entre la @_LICRA_ et la @mosqueedeparis
— Licra (@_LICRA_) May 19, 2021
Travaillons ensemble à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme, les discriminations et à l'amélioration de la prise en charge des victimes de racisme antimusulman. @MarioPstasi, président @_LICRA_ et @chemshafiz, recteur pic.twitter.com/2AY4Kt2X4B
Des «actions de sensibilisation et d’information» en direction des jeunes et des écoles sont également prévues, a indiqué à l’AFP le recteur de la mosquée de Paris Chems-Eddine Hafiz.