Mi-juin, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) donnait déjà l’alerte: environ 1,25 million de doses de vaccin AstraZeneca dans 18 pays en Afrique doivent être utilisées avant la fin du mois d’août pour éviter l’expiration. Ils font partie d'un ensemble de 23 pays africains ayant utilisé moins de la moitié des doses reçues. Ces pays sont notamment confrontés à «des défis logistiques, à des lacunes dans le financement opérationnel et à des hésitations en matière de vaccins». Le Cameroun fait partie des pays concernés, avec pour principal frein, l’hésitation vaccinale.
Selon les chiffres officiels rendus publics à la même période (mi-juin par les autorités camerounaises, le pourcentage des vaccins administrés (par rapport à ceux disponibles) dans le pays tourne autour de 16,4 % seulement depuis le lancement de la campagne le 11 avril dernier. Sur les 591.000 doses de vaccin reçues par le pays - dont un lot (Sinopharm) offert par le gouvernement chinois et un lot (AstraZeneca) procuré par l’OMS et ses partenaires dans le cadre de l’initiative Covax -, seules quelque 97.245 ont effectivement été administrées d'après des chiffres rendus publics fin juin.
La réticence… même dans les milieux hospitaliers
Le Cameroun, qui compte à la date du 29 juin plus de 80.000 cas détectés pour plus de 1.300 décès, a lancé sa campagne de vaccination après la réception de 200.000 doses du vaccin Sinopharm offertes par le gouvernement chinois. Cible prioritaire de la campagne: les personnels de santé et les personnes à risque. Mais c'était sans compter les réticences dans l'opinion.
«Ce qui peut expliquer cette hésitation vaccinale globale dans le pays est que la plupart des citoyens pensent que ces vaccins ne sont pas assez sûrs parce qu'ils ont été fabriqués en un temps record. En outre, les populations pensent qu'elles sont prises pour des cobayes par des lobbies pharmaceutiques», explique Dr Etoa.
Une théorie alimentée, notamment, par les propos de deux médecins français qui avaient suggéré d’expérimenter un vaccin contre le Covid-19 en Afrique lors d’une émission diffusée sur la chaîne LCI en avril 2020.
«L’absence de consensus au sein de la communauté scientifique accroît par ailleurs le taux de réticence à la vaccination dans leur milieu», poursuit le médecin camerounais.
«La vaccination contre la maladie à coronavirus représente la seule voie capable de garantir une immunité́ collective, et au bout du compte, une victoire certaine contre cette pandémie», a poursuivi le ministre.
Une nouvelle campagne en vue
Lors d’une séance plénière à l’Assemblée nationale, le 23 juin, le ministre camerounais de la Santé, Manaouda Malachie, reconnaissait que «le taux de vaccination contre le Covid-19 est encore très faible», sans donner toutefois de chiffre.
«L'objectif global de l'introduction du vaccin anti-Covid-19 est de vacciner au moins 80% des populations vulnérables à l’horizon décembre 2021», a-t-il mentionné dans des propos rapportés par la télévision nationale.
Dans la foulée, le ministre a annoncé une nouvelle campagne de vaccination plus intense dès le 7 juillet prochain. Une campagne cette fois-ci ouverte aux personnes âgées de plus de 18 ans. Ce qui changera de la campagne actuelle, lancée le 11 avril de cette année, ciblant les personnels de santé et les personnes de plus de 50 ans.
Le ministre de la Santé entend aussi accentuer la sensibilisation via les agents de santé communautaires pour du porte-à-porte tout en multipliant les centres de vaccination. Pour ce second tour de vaccination, le pays a précommandé plus de cinq millions et demi de doses de vaccins Johnson & Johnson. Encore faudrait-il d'abord écouler le stock des «invendus»…