Covid-19 et réticence au vaccin: le double défi des autorités camerounaises

© Sputnik . Anicet SimoLa campagne de vaccination au Cameroun
La campagne de vaccination au Cameroun - Sputnik Afrique, 1920, 20.04.2021
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Alors que le Cameroun continue de recevoir des milliers de doses de vaccin contre le Covid-19, sur le terrain, la campagne de vaccination est déjà en cours. Le ministre de la Santé publique poursuit sa tournée dans le pays afin d’assurer le succès de la démarche, mais nombre de Camerounais rechignent encore à l’idée de se faire vacciner.

Comme à chaque étape de sa tournée à Douala, ce jeudi 15 avril, le rituel pour Manaouda Malachie, ministre de la Santé publique, est le même: un discours, une visite de la structure hospitalière et surtout la supervision de l’administration des premières doses de vaccin Sinopharm. Cet après-midi-là, dans la cour de l’hôpital Laquintinie, l’un des plus grands de la capitale économique, des centaines de personnels de santé et d’appui se soumettent au rituel. Pour Agnès P., l’une des bénéficiaires du vaccin, malgré les polémiques persistantes au sujet de leur efficacité, la vaccination est nécessaire.

«Je pense pour moi qu’il faut s’armer à tous les niveaux pour éviter cette grande tueuse qu’est le Covid-19. Au-delà des mesures barrières, toutes les autres méthodes de protection comme le vaccin sont nécessaires», lance cette infirmière à Sputnik, après avoir reçu sa dose.
© Sputnik . Anicet SimoLes personnels de santé se font vacciner à l’hôpital Laquintinie de Douala
Covid-19 et réticence au vaccin: le double défi des autorités camerounaises - Sputnik Afrique, 1920, 20.04.2021
Les personnels de santé se font vacciner à l’hôpital Laquintinie de Douala

Dans la rue, la méfiance est grande

«Dans le monde scientifique, les critiques existent très souvent au sujet des produits pharmaceutiques. On ne va pas juste s’arrêter à ces débats. Je me suis fait vacciner et je prendrai ma deuxième dose», indique un autre médecin à Sputnik. En effet, le Cameroun, qui compte à la date du 19 avril plus de 64.000 cas détectés pour plus de 930 décès, a reçu dimanche 11 avril les premières doses de vaccin. Il s’agit d’un stock de 200.000 doses du vaccin Sinopharm offertes par le gouvernement chinois. La campagne de vaccination a aussitôt été lancée le lendemain, avec comme cible prioritaire les personnels de santé et les personnes à risque. Seulement, si dans les centres hospitaliers le vaccin est plus ou moins bien reçu, dans l’opinion la méfiance est de mise. Abreuvé à la source des débats télévisés au sujet des multiples controverses autour de l’efficacité et des potentiels effets secondaires des vaccins disponibles, Sébastien Talla, 65 ans, habitant de Douala, avoue sa confusion.

«Quand je suis les informations partout dans le monde, ça ne me rassure pas. Il y a tellement de critiques autour des vaccins, en plus on vous dit que cela ne protège pas définitivement contre la maladie. Pourquoi se vacciner et continuer à avoir peur de la maladie?» se demande-t-il, dans une déclaration à Sputnik.

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«Ça ne me concerne pas ce vaccin. Je ne le prendrai pas et je refuserai de faire vacciner ma famille tant que les choses ne sont pas tirées au clair!», confie à Sputnik Francine Tene, commerciale. Cependant, comme pour rassurer les citoyens, les autorités au rang desquelles le ministre de la Santé lui-même se sont soumises à la vaccination. D’ailleurs, c’est l’un des arguments mis en avant par Manaouda Malachie pour convaincre les sceptiques.

«Je me suis fait vacciner le 12. Trois jours après, je n’ai toujours pas d’effets secondaires, même pas un mal de tête. En réalité ce vaccin, il est très bien et j’invite tout le monde à se faire vacciner suivant les ordres de priorité établis par le conseil scientifique», confie le ministre de la Santé publique à Sputnik à la fin du lancement de la campagne à l’hôpital Laquintinie.
© Sputnik . Anicet SimoLe ministre de la Santé publique et sa délégation au centre des maladies respiratoires de Douala
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Le ministre de la Santé publique et sa délégation au centre des maladies respiratoires de Douala

De nouvelles cargaisons de vaccins pour le Cameroun

«Se faire vacciner, néanmoins, ne devrait pas nous amener à baisser la garde dans le cadre de l’observance des mesures barrières. Ce sont les deux mesures combinées qui assurent la réussite dans le cadre de la lutte contre cette pandémie. Vaccinons-nous massivement et continuons de respecter les mesures barrières», prévient Manaouda Malachie.

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La région du Littoral, dont le chef-lieu est Douala, a reçu pour sa population estimée à plus de 3,5 millions, 34.200 doses de vaccin Sinopharm, sur les 200.000 doses offertes au Cameroun par la Chine. Dans sa tournée, le membre du gouvernement s’est rendu tour à tour à l’hôpital gynéco-obstétrique de Yassa, à l’hôpital Laquintinie et au centre des maladies respiratoires, un établissement hospitalier privé. Une semaine après avoir reçu gratuitement de la République populaire de Chine les premiers vaccins du type Sinopharm, le gouvernement camerounais a réceptionné samedi 17 avril la cargaison de 391.200 doses de vaccin AstraZeneca, dans le cadre de l'initiative Covax, mise en place par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) avec l'Alliance des Vaccins (Gavi) et la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI). Selon les autorités sanitaires, le pays recevra en totalité 1.752.000 doses de vaccin AstraZeneca avant la fin du mois de mai 2021.

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