Comme à chaque étape de sa tournée à Douala, ce jeudi 15 avril, le rituel pour Manaouda Malachie, ministre de la Santé publique, est le même: un discours, une visite de la structure hospitalière et surtout la supervision de l’administration des premières doses de vaccin Sinopharm. Cet après-midi-là, dans la cour de l’hôpital Laquintinie, l’un des plus grands de la capitale économique, des centaines de personnels de santé et d’appui se soumettent au rituel. Pour Agnès P., l’une des bénéficiaires du vaccin, malgré les polémiques persistantes au sujet de leur efficacité, la vaccination est nécessaire.
«Je pense pour moi qu’il faut s’armer à tous les niveaux pour éviter cette grande tueuse qu’est le Covid-19. Au-delà des mesures barrières, toutes les autres méthodes de protection comme le vaccin sont nécessaires», lance cette infirmière à Sputnik, après avoir reçu sa dose.
Dans la rue, la méfiance est grande
«Dans le monde scientifique, les critiques existent très souvent au sujet des produits pharmaceutiques. On ne va pas juste s’arrêter à ces débats. Je me suis fait vacciner et je prendrai ma deuxième dose», indique un autre médecin à Sputnik. En effet, le Cameroun, qui compte à la date du 19 avril plus de 64.000 cas détectés pour plus de 930 décès, a reçu dimanche 11 avril les premières doses de vaccin. Il s’agit d’un stock de 200.000 doses du vaccin Sinopharm offertes par le gouvernement chinois. La campagne de vaccination a aussitôt été lancée le lendemain, avec comme cible prioritaire les personnels de santé et les personnes à risque. Seulement, si dans les centres hospitaliers le vaccin est plus ou moins bien reçu, dans l’opinion la méfiance est de mise. Abreuvé à la source des débats télévisés au sujet des multiples controverses autour de l’efficacité et des potentiels effets secondaires des vaccins disponibles, Sébastien Talla, 65 ans, habitant de Douala, avoue sa confusion.
«Quand je suis les informations partout dans le monde, ça ne me rassure pas. Il y a tellement de critiques autour des vaccins, en plus on vous dit que cela ne protège pas définitivement contre la maladie. Pourquoi se vacciner et continuer à avoir peur de la maladie?» se demande-t-il, dans une déclaration à Sputnik.
Si c'est le vaccin venu d'ailleurs qui cause problème, que les chercheurs #Cameroun-ais nous proposent un vaccin. votre médecine traditionnelle est incapable de soigner le palu depuis des siècles, c'est le covid 19 qu'elle va soigner ? Soyons sérieux !#FBN https://t.co/FktoOxAemq
— Franck Boris NKENGUE (@FNkengue) April 15, 2021
«Je me suis fait vacciner le 12. Trois jours après, je n’ai toujours pas d’effets secondaires, même pas un mal de tête. En réalité ce vaccin, il est très bien et j’invite tout le monde à se faire vacciner suivant les ordres de priorité établis par le conseil scientifique», confie le ministre de la Santé publique à Sputnik à la fin du lancement de la campagne à l’hôpital Laquintinie.
De nouvelles cargaisons de vaccins pour le Cameroun
«Se faire vacciner, néanmoins, ne devrait pas nous amener à baisser la garde dans le cadre de l’observance des mesures barrières. Ce sont les deux mesures combinées qui assurent la réussite dans le cadre de la lutte contre cette pandémie. Vaccinons-nous massivement et continuons de respecter les mesures barrières», prévient Manaouda Malachie.