Le langage diplomatique est loin d’être le point fort du général Saïd Chengriha. Jeudi 24 juin, lors de la Conférence de Moscou sur la sécurité internationale, le chef d’état-major de l’armée nationale populaire (ANP) a attaqué frontalement le Maroc qu’il a accusé d’avoir provoqué un nouveau conflit contre le Front Polisario suite à «la violation de l’accord du cessez-le-feu le 13 novembre 2020». Dans son discours, il n’a pas hésité à qualifié le Maroc de «colonisateur».
«J’ai maintes fois souligné que les agissements du colonisateur visant à annexer avec force les territoires sahraouis, tout en faisant fi du concept du respect des droits de l’homme dans les territoires occupés, sont incompatibles avec la Charte de l’Onu et l’acte constitutif de l’Union Africaine dont la République Arabe Sahraouie Démocratique est un membre fondateur. Cette situation inquiétante marquée par l’escalade militaire et les ingérences étrangères pourrait attiser les tensions dans l’ensemble de la région. Ce constat très alarmant pour la sécurité et la paix, exige de la communauté internationale de prendre ses responsabilités en respectant strictement les dispositions du droit international dans la résolution de cette crise», a déclaré le général.
Partenariat stratégique
Riadh Sidaoui politologue et directeur du Centre arabe de recherches et d’analyses politiques (Caraps) à Genève explique a Sputnik que l’Algérie et la Russie entretiennent des relations historiques qui datent du temps où l’Union soviétique soutenait la guerre d’indépendance algérienne. «L’Algérie n’était pas en guerre uniquement contre la France, mais aussi contre l’Otan», fait-il remarquer.
«La relation algéro-russe est basée sur les notions de confiance, de respect et de fidélité historique. La particularité de ce partenariat stratégique est que l’Algérie a accès à des équipements militaires russes de haute technologie. Outre la question historique, cette opportunité s’explique par plusieurs facteurs: l’Algérie a toujours payé au prix fort les armes qu’elle achète, c’est donc un très bon client. Contrairement aux Égyptiens, les Algériens n’ont jamais divulgué les secrets des armes russes aux Occidentaux. Moscou considère Alger comme un allié stratégique qui fait face à un même ennemi, l’Otan», précise Riadh Sidaoui.
Pour le directeur du Caraps, une confrontation entre les forces de l’Otan et l’armée algérienne «ne relève pas de la science-fiction».
«Les Algériens ne commandent pas des avions de combat de cinquième génération Sukhoï 57 et des systèmes de missiles antiaériens S400 [l’acquisition par l’Algérie de cet équipement n’a jamais été confirmée. Ndlr] pour faire face au Maroc ou encore à des terroristes maliens. L’objectif est de faire face à une menace plus puissante comme cela a été le cas pour la Libye ou encore pour la Syrie», assure-t-il.
Nehone et Rowand
L’Algérie étant le seul pays du Maghreb à posséder des S300, et peut-être même des S400, il est peu probable que ce choix soit une simple coïncidence. Surtout que les deux régions militaires ciblées comptent parmi les plus puissantes de l’armée algérienne en hommes et en équipements puisqu’elles ont pour mission de protéger les frontières sud-est et sud-ouest de diverses menaces, notamment d’attaques terroristes, d’offensives d’armées régulières ou de milices armées.