Alors que Marseille s’est débattue afin d’ouvrir certains bureaux de vote restés fermés pour les régionales, faute d’assesseurs, la Seine-Saint-Denis a aussi eu droit à sa polémique en cette journée électorale.
C’est Jordan Bardella, candidat RN en Île-de-France, qui a soulevé le lièvre, en publiant sur Twitter une photo de son passage aux urnes. Problème: l’image montre le vice-président du RN en face d’une assesseure voilée, alors qu’il est en train de signer la traditionnelle liste d’émargement.
Le cliché n’a pas tardé à susciter de vives réactions sur Twitter. Certains, comme Céline Pina, y ont vu les conséquences d’un «islam politique». La cofondatrice du Printemps républicain a en outre dénoncé le voile comme un «symbole sexiste et séparatiste», alors que la loi contre les séparatismes doit justement revenir à l’Assemblée nationale ce 28 juin.
D’autres, comme l’essayiste Jean-Yves Le Gallou, ont reproché à Jordan Bardella de ne pas avoir réagi, voyant dans le silence du candidat RN une certaine «soumission».
L’éditorialiste Lydia Guirous a pour sa part dénoncé des «signes ostentatoires» et renvoyé dos à dos les abstentionnistes et les tenants d’un islam «loin de l'idéal français et républicain».
Au contraire, la militante antiraciste Sihame Assbague a pointé du doigt des «attaques islamophobes» et critiqué la réduction à un «symbole» faite par certains commentateurs.
Pas illégal
Beaucoup se sont également interrogés sur la légalité de cette tenue dans un bureau de vote. Le port du voile n’est cependant pas interdit aux assesseurs. Seul le président d’un bureau de vote est en effet astreint à la neutralité religieuse, en tant que représentant de l’État, rapporte Libération citant le ministère de l’Intérieur.
Un fait également rappelé par le maire de Saint-Denis, Mathieu Hanotin, qui a d’ailleurs remercié l’intéressée d’avoir tenu le bureau de vote ce 20 juin. Sur les réseaux sociaux, l’édile a dénoncé l’attitude de Jordan Bardella, coupable selon lui de «fragiliser nos institutions en instrumentalisant une photographie». L’élu a par ailleurs appelé à ne pas «brandir le drapeau de la laïcité pour mieux stigmatiser une religion».
Cet incident rappelle celui s’étant produit à l’Assemblée nationale en septembre dernier, lorsque Maryam Pougetoux, vice-présidente de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), s’était présentée en commission vêtue d’un voile. Sa tenue avait provoqué l’indignation des députés, dont plusieurs avaient quitté les lieux.
En octobre 2019, une polémique semblable avait eu lieu au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. Une femme voilée, qui accompagnait un groupe d'enfants, avait alors assisté à la séance plénière. Sa présence avait été pointée du doigt par Julien Odoul, président du groupe RN pour la région. Celui-ci avait demandé à ce que l’intéressée soit évacuée de la salle, suscitant des critiques jusque dans son propre camp.