Alors que Marseille s’est débattue afin d’ouvrir certains bureaux de vote restés fermés pour les régionales, faute d’assesseurs, la Seine-Saint-Denis a aussi eu droit à sa polémique en cette journée électorale.
C’est Jordan Bardella, candidat RN en Île-de-France, qui a soulevé le lièvre, en publiant sur Twitter une photo de son passage aux urnes. Problème: l’image montre le vice-président du RN en face d’une assesseure voilée, alors qu’il est en train de signer la traditionnelle liste d’émargement.
A voté, à Saint-Denis 🗳 pic.twitter.com/MnODlWQnTe
— Jordan Bardella (@J_Bardella) June 20, 2021
Le cliché n’a pas tardé à susciter de vives réactions sur Twitter. Certains, comme Céline Pina, y ont vu les conséquences d’un «islam politique». La cofondatrice du Printemps républicain a en outre dénoncé le voile comme un «symbole sexiste et séparatiste», alors que la loi contre les séparatismes doit justement revenir à l’Assemblée nationale ce 28 juin.
J’ajoute que j’aurai refusé de voter dans ces conditions. Le voile en plus d’être sexiste est un signe revendiqué par l’islam politique donc parfaitement interdit en tant que tel dans un bureau de vote. pic.twitter.com/aWAtlmTqnG
— Céline Pina (@celine_pina) June 20, 2021
D’autres, comme l’essayiste Jean-Yves Le Gallou, ont reproché à Jordan Bardella de ne pas avoir réagi, voyant dans le silence du candidat RN une certaine «soumission».
Ce geste de #soumission est insupportable. J’ai voté @bardella au premier tour. Pas sûr que je récidive au deuxième tour ! @ZemmourEric @roose pic.twitter.com/oDzaxULiAY
— Jean-Yves Le Gallou (@jylgallou) June 20, 2021
L’éditorialiste Lydia Guirous a pour sa part dénoncé des «signes ostentatoires» et renvoyé dos à dos les abstentionnistes et les tenants d’un islam «loin de l'idéal français et républicain».
Cette image dit beaucoup de l'état de la France.
— Lydia Guirous (@LydiaGuirous) June 20, 2021
Il est illégal de tenir un bureau de vote avec tant de signes ostentatoires.
Certains désertent leur devoir de citoyen en s’abstenant… d'autres s'investissent pour servir un projet, loin de l'idéal français et Républicain… pic.twitter.com/kkOCvvpR9q
Au contraire, la militante antiraciste Sihame Assbague a pointé du doigt des «attaques islamophobes» et critiqué la réduction à un «symbole» faite par certains commentateurs.
Je ne sais pas si je suis la seule à être gênée par la manière dont la photo d’une assesseure portant le voile est diffusée & commentée ? 🤔 Il y a les attaques islamophobes, odieuses, évidemment. Et il y a ceux qui la réduisent au symbole, à une flèche servant à viser Bardella…
— Sihame Assbague (@s_assbague) June 20, 2021
Pas illégal
Beaucoup se sont également interrogés sur la légalité de cette tenue dans un bureau de vote. Le port du voile n’est cependant pas interdit aux assesseurs. Seul le président d’un bureau de vote est en effet astreint à la neutralité religieuse, en tant que représentant de l’État, rapporte Libération citant le ministère de l’Intérieur.
Un fait également rappelé par le maire de Saint-Denis, Mathieu Hanotin, qui a d’ailleurs remercié l’intéressée d’avoir tenu le bureau de vote ce 20 juin. Sur les réseaux sociaux, l’édile a dénoncé l’attitude de Jordan Bardella, coupable selon lui de «fragiliser nos institutions en instrumentalisant une photographie». L’élu a par ailleurs appelé à ne pas «brandir le drapeau de la laïcité pour mieux stigmatiser une religion».
Après la publication d’une photographie du vote du candidat du Rassemblement National dans un bureau de vote de Saint-Denis, je tiens à rappeler quelques principes fondamentaux : pic.twitter.com/8AH3UPUEhk
— Mathieu Hanotin (@MathieuHanotin) June 20, 2021
Cet incident rappelle celui s’étant produit à l’Assemblée nationale en septembre dernier, lorsque Maryam Pougetoux, vice-présidente de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), s’était présentée en commission vêtue d’un voile. Sa tenue avait provoqué l’indignation des députés, dont plusieurs avaient quitté les lieux.
En octobre 2019, une polémique semblable avait eu lieu au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. Une femme voilée, qui accompagnait un groupe d'enfants, avait alors assisté à la séance plénière. Sa présence avait été pointée du doigt par Julien Odoul, président du groupe RN pour la région. Celui-ci avait demandé à ce que l’intéressée soit évacuée de la salle, suscitant des critiques jusque dans son propre camp.