Washington menace de revenir sur sa décision de ne pas sanctionner le Nord Stream 2

Trois semaines après avoir renoncé aux sanctions contre l’opérateur du gazoduc Nord Stream 2, et trois jours après l’annonce par Vladimir Poutine de la fin des travaux sur la première conduite de ce pipeline, Washington a laissé entendre qu’il pourrait changer d’avis.
Sputnik

Les États-Unis pourraient imposer des mesures restrictives à l'encontre de l'opérateur du gazoduc Nord Stream 2 -reliant la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique- a déclaré ce lundi 7 juin le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, lors d’une réunion de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants.

«Nous avons décidé d’exclure Nord Stream 2 AG et son PDG de notre liste des sanctions pour des raisons de sécurité nationale. Cette exclusion peut être révoquée», a indiqué M.Blinken.

Dans le même temps, il a considéré la construction de l'oléoduc comme un «fait accompli», confirmant ainsi la position exprimée par la Maison-Blanche en mai.

Toutefois, Washington compte s’entendre d’avance avec Berlin sur les mesures à prendre si Moscou souhaite utiliser le gazoduc pour exercer des pressions sur certains pays, a poursuivi le secrétaire d’État.

«L’Allemagne s’est installée à la table des négociations, et nous communiquons activement avec elle pour voir ce qui peut et doit être fait pour garantir le remboursement des paiements pour le transit de gaz que l'Ukraine peut perdre à cause de ce gazoduc qui la contourne», a ajouté le haut responsable.

Un pas en avant, deux en arrière

Le 19 mai, Antony Blinken a annoncé que son pays avait renoncé aux sanctions visant la société Nord Stream AG ainsi que son PDG Matthias Warnig et des dirigeants mandataires sociaux de Nord Stream 2 AG, expliquant qu’un tel geste était «dans l’intérêt national des États-Unis».

Dans le même temps, les États-Unis ont adopté des sanctions contre plusieurs organisations et navires russes liés au projet Nord Stream 2.

Pour certains experts, Joe Biden a renoncé à certaines sanctions pour ne pas compliquer ses relations avec l’Allemagne, l’un des principaux alliés des États-Unis en Europe. Berlin s’est toujours prononcé pour la réalisation du projet Nord Stream 2 qu’il qualifie de purement économique et a rejeté les sanctions extraterritoriales unilatérales de Washington.

Deux semaines plus tard, le 4 juin, Vladimir Poutine a annoncé la fin de la pose des tubes de la première conduite du gazoduc qui sera rempli de gaz dès que le régulateur allemand le décidera.

Nord Stream 2 bientôt construit

Le gazoduc Nord Stream 2 comprendra deux conduites  longeant celles de son grand frère, Nord Stream 1. Long de 1.230 km, il reliera la Russie à l'Allemagne par le fond de la mer Baltique. Après sa mise en service complète, il aura une capacité totale de 55 milliards de mètres cubes de gaz par an.

La construction de la seconde conduite sera achevée d'ici deux mois au maximum, a indiqué Vladimir Poutine le 4 juin.

Le projet est réalisé par le groupe russe Gazprom et ses cinq partenaires européens: les allemands Wintershall et Uniper, le français Engie, l'autrichien OMV et l'anglo-néerlandais Shell, qui se sont engagés à investir chacun environ 950 millions d'euros, ce qui représente 50% du coût total.

Les États-Unis s’opposent à ces travaux depuis des années. Moscou a appelé à plusieurs reprises à cesser de politiser la situation, soulignant que le gazoduc profiterait à l'Union européenne.

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