Les associations ont mobilisé leurs troupes. Dès qu’elles ont appris qu’une réunion s’organisait à la mairie du XVIIIe arrondissement de la capitale, elles sont venues exprimer leur ras-le-bol.
Les maires du Nord-Est parisien –Xe, XVIIIe, XIXe et XXe arrondissements– confrontés quotidiennement aux problèmes de trafic et de consommation de stupéfiants, ont été conviés à rencontrer Anne Hidalgo, maire de Paris.
«Cette cohabitation avec des toxicomanes qu’on impose aux habitants du Nord-Est parisien, on n’en peut plus», s’insurge au micro de Sputnik un membre du Groupe de Parisiens Les Plumes 75, du quartier Rosa Parks.
Un riverain de la salle de consommation de la rue Lariboisière, près de la Gare du Nord, dans le Xe arrondissement, dénonce le manque de concertation avec la mairie.
«Beaucoup de collectifs n’ont pas étés invités à cette réunion à la mairie du XVIIIe arrondissement. C’est un déni de démocratie. Seuls les collectifs pro-SCMR ont été invités, à la suite du fameux rapport de l’INSERM qui est favorable aux salles de consommation», déplore ce riverain au micro de Sputnik.
L’installation de la salle de shoot près de l’hôpital Lariboisière en mai dernier est une conséquence immédiate du rapport scientifique et sociologique publié alors par l’Institut de Santé Publique de l’INSERM.
Anne Hidalgo s’engage
Dirigée en partie par la chercheuse Marie Jauffret-Roustide, cette étude conclut notamment au résultat positif de la mise en place des SCMR à Paris. Un avis que les riverains ne partagent guère.
Il ressort néanmoins de la réunion une bonne nouvelle pour les voisins des Jardins d’Éole:
«Madame Hidalgo s’est engagée très fermement à ce que les Jardins d’Éole soient libérés au plus tard fin juin. Elle l’a dit à plusieurs reprises, jusque dans sa conclusion, même si elle tenait à souligner que ce n’était pas sa proposition», détaille Kamel Mardaoi, un habitant du quartier des Halles.
Ayant encore «du mal à la croire», les riverains promettent de poursuivre leur mobilisation, «tant que les promesses ne sont pas tenues». Une manifestation est déjà prévue pour mercredi 9 juin prochain. D’autant que la mairie est restée discrète sur le choix de délocalisation des toxicomanes.
«Mon impression est qu’ils ont des pistes [d’ouverture de lieux de consommation légale de drogues, ndlr], mais ils n’ont pas voulu nous les donner. Nous avons insisté pour que ça ne soit pas à côté des habitations», précise Kamel.
Malgré le flou qui demeure, ce Parisien a gardé la nette impression qu’il s’agit «d’ouvrir plusieurs salles de consommation» à travers la capitale, pour que «ça soit moins compliqué pour les riverains». Une stratégie contraire à celle qui a prévalu contre le coronavirus: au lieu d’isoler, on démultiplie.
Une cohabitation tendue avec les riverains
«On ne pose jamais la question: “À moindre risque” pour qui? Certainement pas pour les riverains de ce genre de salle, parce qu’elles attirent des drogués, des dealers et des délinquants. Pour que cette salle fonctionne, la police doit être discrète, et elle n’intervient pas dans le périmètre proche», précise Laurent Lemasson au micro de Sputnik.
Laurent Lemasson considère que la salle de shoot représente pour les toxicomanes «la réduction du risque immédiat de mourir d’overdose ou d’attraper une maladie en se piquant». Mais, à long terme, ces salles augmentent les périls à ses yeux: «L’accessibilité des salles entretient les toxicomanes dans leur addiction.»