Toutes les nuits, depuis des mois, dealers et consommateurs de crack se retrouvent sur l’avenue de Flandre, dans le quartier parisien de Stalingrad (XIXe arrondissement), au vu et au su de tous. Certains habitants, exaspérés par les nuisances sonores et les violences qui en découlent, ont tiré sur eux des feux d’artifice trois nuits d’affilée, du vendredi 30 avril au dimanche 2 mai.
🎆🇫🇷PARIS - Excédés par les nuisances, des habitants du quartier de Stalingrad, dans le XIXe arr. de la capitale, harcèlent les trafiquants de drogue et leurs clients la nuit avec des tirs de mortiers (Le Figaro). pic.twitter.com/LJi12QdWwW
— 🌐Le Globe (@LeGlobe_info) May 3, 2021
«Cela fait deux nuits que nous vivons l'horreur, qu'on entend des tirs, et qu'on ne dort plus, alors que nous sommes en plein Paris», témoignait une habitante dimanche auprès du Figaro. «Au début, ce sont des bombes à eau qui étaient lancées. Ensuite ça a été des bouteilles de verre. Et maintenant, des tirs de mortiers», explique un riverain de l’avenue de Flandres, lequel tente d’alerter les autorités sur la présence de toxicomanes depuis plus d’un an.
🇫🇷[FLASH] À #Paris, les habitants du quartier de #Stalingrad effectuent des tirs de #mortiers sur les #toxicomanes du quartier. Ils essayent de faire fuir les trafiquants de drogue. Les affrontements se font chaque nuit depuis 3 jours. (Le Figaro) #Paris19pic.twitter.com/Ub60NFuJwu
— La Plume Libre (@LPLdirect) May 3, 2021
Ce dernier confirme que les tirs ne sont pas des règlements de comptes entre dealers, mais proviennent bien d’«habitants lambda qui se radicalisent, qui ne sont pas habitués à manipuler ce genre d'armes, et qui font cela pour alerter sur la situation». Il refuse toutefois de les blâmer et affirme comprendre leur détresse. «Depuis nos salons, nous voyons des gens se faire poignarder, agresser, crier... Les habitants sont arrivés à un point de non-retour. […] Les Parisiens vont découvrir la guérilla urbaine», ajoute-t-il.
#SputnikVidéo | Les forces de l’ordre ont patrouillé le quartier parisien de #Stalingrad dans la nuit du 3 au 4 mai après que les habitants ont tenté de faire fuir les dealers de crack avec des mortiers d’artifice.https://t.co/fFE7OJRyou pic.twitter.com/1g6udFmNjG
— Sputnik France (@sputnik_fr) May 4, 2021
Point de deal connu
Le maire du XIXe arrondissement de Paris, François Dagnaud, précise auprès du Figaro que ce point de deal contribue à «la constitution d’une scène européenne de crack en plein Paris». Plusieurs centaines de trafiquants et consommateurs s’y retrouvent régulièrement.
«Le dispositif de sécurisation de ce quartier est totalement sous-dimensionné, et ces tirs de mortiers sont une nouvelle alerte sur la gravité de la situation», commente-t-il.
Une résidente explique que les trafics se sont multipliés à Stalingrad après que la «colline du crack» a été démantelée à la porte de la Chapelle (XVIIIe arrondissement).
«Le problème n'a pas été réglé, il a simplement été déplacé. Tous les habitants se sont mobilisés: nous avons eu de multiples rendez-vous avec le maire, nous avons saisi la préfecture, nous avons eu recours au référé-liberté... Mais tout le monde se renvoie la balle», déplore-t-elle.
Plan crack
Comme l’explique Le Figaro, un plan crack a été mis en place il y a plusieurs mois par la Ville de Paris. Il consiste notamment à développer des salles de shoot, déployer des patrouilles dans les zones sensibles et améliorer la réponse judiciaire contre les principaux acteurs de ce trafic. «Mais cela ne fait qu'entretenir la dépendance, et fixe le problème sur certains quartiers», estime Pierre Liscia, porte-parole du parti «Libres!» de Valérie Pécresse.
Avec un investissement de neuf millions d’euros sur trois ans (2019 – 2021), le plan crack aurait contribué à sortir certains consommateurs de la rue, mais présente malgré tout des résultats «insuffisants», reconnaissait début avril François Dagnaud auprès d’Actu Paris.
À Stalingrad, désormais surnommé «Stalincrack», les riverains peuvent observer les fourgons de police se positionner à quelques mètres des toxicomanes, sans intervenir. «Personne ne comprend. […] La guerre au trafic est déclarée par le ministre de l’Intérieur dans les mots mais pas menée dans les faits», conclut le maire.