Paris se dote enfin d’une Police municipale, mais dépourvue d’armes à feu

Une promesse de campagne d’Anne Hidalgo est devenue réalité: le 2 juin, le Conseil de Paris a adopté le déploiement de la Police municipale de la capitale, à 114 voix «pour» et 30 «contre». Derrière ce tournant décisif, salué par le Syndicat Unité SGP FO, un vaste chantier et beaucoup de questions en suspens.
Sputnik

Le débat sur la police municipale à Paris, c’est fini!

Après le feu vert de l’Assemblée nationale en novembre dernier, dans le cadre du vote de la Loi «Sécurité globale», la «police de proximité» parisienne a été votée par 114 élus locaux contre 30. Curieusement, le projet a rebattu les cartes politiques au niveau du Conseil municipal. C’est l’opposition qui a largement soutenu la maire PS, Anne Hidalgo. Les écologistes et les communistes, craignant «un désengagement de la police nationale», ont quant à eux voté contre.

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«C’est une bonne chose», résume Ludovic Durand. «On a été écoutés et entendus sur la mise en place» de ce nouveau peloton de forces de l’ordre, se félicite le secrétaire national police municipale du syndicat de police Unité SGP FO.

«La prochaine étape, c’est la formation. Elle est en bonne voie et doit se terminer au mois de juillet», détaille Ludovic Durand.

À l’approche des JO de 2024, la municipalité souhaite faire grimper ses effectifs de forces de l’ordre jusqu’à 5.000 agents. Les policiers parisiens pourront verbaliser les infractions telles que les dépôts sauvages, les nuisances sonores, les stationnements gênants ou encore les débords de terrasses. Et la capitale en a bien besoin.

Le policier parisien n’est pas armé

Une question reste pour l’instant non résolue. Pour l’heure, les agents sont dotés d’un bâton de défense, d’une bombe lacrymogène, d’une paire de menottes et d’un gilet pare-balles. Mais pas d’arme à feu. Un point que regrette le leader syndical:

«On nous dit haut et fort qu’on nous fait confiance, mais on ne nous l’accorde pas. Pourtant, nous montrons notre professionnalisme au quotidien, avec nos interventions “carrées”», s’insurge Ludovic Durand.

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Unité SGP «aimerait changer cette mentalité». L’exemple donné par le maire communiste de Villejuif, qui a supprimé le port du taser et du flash-ball sans pour autant interdire celui de l’arme à feu, lui semble probant. «Ce n’est pas parce qu’on a une arme à la ceinture qu’on ne peut pas faire police de proximité», plaide le policier.

Pourtant, le pistolet à impulsion électrique (PIE) est utilisé par les polices municipales depuis plus de dix ans. Début 2020, près de 3.800 policiers municipaux en étaient équipés, en hausse de 20% par rapport à l’année précédente. À Bordeaux ou à Clermont-Ferrand, les PIE sont parfois proposés comme alternative à l’arme à feu.

Équipement, entraînement, recrutement, des défis majeurs

Le problème de port d’arme n’est pas à l’ordre du jour à Paris, puisque d’abord «il faut équiper des locaux d’armureries» et qu’«énormément de préoccupations» demeurent, tant au niveau technique que procédural.

«On a des prérogatives judiciaires aussi: comment assermenter [la police parisienne, ndlr], comment la diriger? Sera-t-elle subordonnée aux maires d’arrondissement ou à Mme la maire?» s’interroge Ludovic Durand.

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Reste également la question de la formation et du recrutement. Passer de 3.300 Agents de Surveillance de Paris (ASP), Inspecteurs de Sécurité de la Ville de Paris (ISVP) et Agents d’Accueil et de Surveillance la Ville de Paris (AAS), peu formés au maintien de l’ordre, à 5.000 policiers municipaux pour les Jeux olympiques apparaît pour l’heure comme un défi considérable.

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À Paris, certains dossiers paraissent plus urgents que d’autres, notamment le trafic de stupéfiants, qui gangrène plusieurs quartiers, dont celui de Stalingrad.

«Ce n’est pas dans nos missions prioritaires. Mais on peut intervenir en flagrant délit, si on constate des infractions. On peut s’en saisir avec l’interpellation et la mise en cause du vendeur et le remettre à la police judiciaire», précise Ludovic Durand.

Néanmoins, «ça faciliterait le travail de la police nationale», assure Ludovic Durand, parce qu’«en France et à Paris, le travail commun est déjà effectif».

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