Le gouvernement canadien a dévoilé ce 3 juin un plan d'action national visant à enrayer la violence contre les femmes autochtones, deux ans après un rapport qui avait dénoncé un véritable «génocide» à leur encontre.
«Aujourd'hui, ensemble on lance le plan d'action national qui comprend des mesures concrètes pour mettre fin à la violence contre les femmes et les filles autochtones», a lancé le Premier ministre Justin Trudeau lors d'une visioconférence.
Ottawa va investir 2,2 milliards de dollars canadiens (1,4 milliard d'euros) supplémentaires pour «mettre fin à cette tragédie nationale» mais aussi «améliorer la vie des autochtones et faire progresser la réconciliation», a déclaré M.Trudeau.
Ce plan, qui vise aussi à lutter contre les violences ciblant les personnes autochtones issues de minorités sexuelles, survient deux ans après la publication d'une enquête publique qui avait conclu que les femmes autochtones assassinées ou disparues au Canada ces dernières décennies avaient été victimes d'un véritable «génocide».
Elle indiquait que le taux d'homicides des femmes autochtones était sept fois plus élevé que celui des femmes non autochtones.
Le pays est encore sous le choc après la découverte la semaine dernière des restes de 215 enfants autochtones sur le site d'un ancien pensionnat en Colombie-Britannique, géré par l'Église catholique au nom du gouvernement.
«De nombreuses causes profondes de la violence que nous observons aujourd'hui trouvent leur origine dans la perte de culture, d'identité, de liens familiaux et aux mauvais traitements infligés aux enfants par le système des pensionnats», a affirmé Carolyn Bennett, ministre des Relations avec les autochtones.
Ce plan d'une centaine de pages prévoit notamment la mise en place de mesures pour «garantir un logement stable et durable», un «revenu annuel viable garanti» ou encore des programmes de prévention de la violence.
M.Trudeau a fait de la réconciliation avec les premiers peuples du Canada l'une de ses priorités depuis son arrivée au pouvoir en 2015.
Élaboré en partenariat avec des organisations et communautés autochtones, le plan vise à mettre fin au racisme et à la violence systémiques à l'égard des femmes, des filles et des personnes bispirituelles, lesbiennes, gay, bisexuelles, transgenres, queers, en questionnement, intersexuées ou asexuelles.
Le terme «bispirituelles» renvoie aux personnes s'identifiant comme ayant à la fois un esprit féminin et un esprit masculin chez les autochtones.
Le document a toutefois été critiqué notamment par l'Association des femmes autochtones du Canada, qui a regretté l'absence de détails sur sa mise en œuvre.