Vendredi 21 mai, jour de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) a publié un communiqué signé par plusieurs de ses experts réclamant une enquête de la Cour pénale internationale (CPI). Les investigations porteraient sur les attaques commises sur les populations civiles, en particulier à Gaza, et d’autres violations des droits humains.
Les experts appellent d’abord les deux parties à respecter le cessez-le-feu, tandis que des affrontements entre des Palestiniens et la police israélienne étaient constatés dans la même journée à Jérusalem. Ils déplorent ensuite les victimes du côté de Gaza et d’Israël, avec un côté palestinien qui a subi de bien plus lourdes pertes en raison d’une «vaste asymétrie de pouvoir».
Au-delà des décès, les bombardements israéliens ont forcé le déplacement de 74.000 habitants de Gaza. Mais des deux côtés, des populations se sont retrouvées sans abri et sans électricité en raison de ces attaques qui les ont touchées «aveuglément ou délibérément». Les experts de l’HCDH en appellent à la CPI car ils estiment que ces actes constituent des «crimes au regard du droit international», lesquels impliquent «une responsabilité individuelle et étatique».
Aide humanitaire
Au-delà du côté pénal, l’HCDH réclame le rétablissement des approvisionnements en électricité, en carburant, en eau et en nourriture à Gaza. Elle souhaite que l’aide humanitaire puisse entrer sur ce territoire, et que des logements d’urgence soient offerts aux populations sans abri. Elle appelle également à cesser toute livraison d’armes, que ce soit vers Gaza ou Israël.
«Discrimination et ségrégation»
Les signataires dénoncent également «la discrimination et la ségrégation dont sont victimes les résidents des territoires occupés», précisant que ces discriminations concernent l’éducation, le logement ou encore la liberté de circulation.
Le 15 mai, le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, avait exhorté le gouvernement israélien à «protéger tous ses résidents et citoyens sans discrimination fondée sur les notions de “nation”, d’origine religieuse ou ethnique, et d’assurer l’égalité de traitement devant la loi». Elle avait également reproché à la police israélienne de ne pas intervenir lorsque des citoyens palestiniens étaient attaqués, d’après les informations qui lui avaient été rapportées.
La CPI saisie
Ce 21 mai, la Cour pénale internationale a en tout cas été saisie par le propriétaire de la tour de Gaza qui abritait les locaux de plusieurs médias. Ce bâtiment avait été détruit par les bombardements de l’armée israélienne. L’un des avocats du plaignant, Me Gilles Devers, a évoqué auprès de l’AFP un «crime de guerre», plaidant que l’immeuble a été visé sans motif particulier.
L’armée israélienne affirme quant à elle que cette tour abritait des équipements militaires du Hamas. Une affirmation qui «ne repose sur rien», selon l’avocat. Israël a déjà fait part de son opposition à toute enquête de la CPI, dont il n’est pas membre. La Cour n’a pas encore annoncé si elle allait donner suite à ces plaintes.
Une session extraordinaire du Conseil des droits de l’homme se tiendra jeudi 27 mai, consacrée à «la grave situation des droits de l’homme dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est». Les affrontements entre les deux camps avaient repris le 10 mai dernier, la plus grande escalade du conflit depuis 2014. Ils ont fait 248 morts du côté palestinien et 12 en Israël.