Quatre sociétés et quatre navires engagés dans les travaux de construction du gazoduc Nord Stream 2, prêt à 95% et censé transporter du gaz russe en Europe, devraient être inclus dans la liste des entités visées par les sanctions américaines, a annoncé le média politique Politico.
Cette proposition devrait faire partie du rapport que le département d’État américain présentera prochainement au Congrès, précise le média. Selon Politico, les nouvelles sanctions ralentiront la réalisation du projet. Les détracteurs du Nord Stream 2 espèrent en outre que les Verts allemands, qui s’opposent à la création du gazoduc, obtiendront des sièges au parlement lors des législatives de septembre.
La porte-parole de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre, a refusé ce mercredi 19 mai de commenter ces informations. Plus tard dans la journée, une porte-parole du département d'État, Jalina Porter, a déclaré aux journalistes que les États-Unis vont toujours utiliser tous les outils disponibles pour empêcher l'achèvement de Nord Stream 2.
Dans le même temps, l’administration Biden a renoncé à l’idée d’imposer des sanctions contre l’opérateur du gazoduc Nord Stream 2 AG et son directeur exécutif Matthias Warnig pour ne pas compromettre ses relations avec Berlin, ce qui ressort d'un communiqué publié ce mercredi 19 mai par le sénateur démocrate Robert Menendez, président de la commission des affaires étrangères du Sénat, qui s'est dit opposé à cette décision.
L’Allemagne relance la construction du gazoduc
Rappelons que le 17 mai, l’Agence allemande de la navigation maritime et de l'hydrographie (BSH) a donné son feu vert à la poursuite de la pose de tubes sur le tronçon de deux kilomètres de Nord Stream 2 dans la zone économique exclusive allemande.
Le président de la CDU et probable candidat à la succession d'Angela Merkel au poste de chancelier, Armin Laschet, a salué ce 19 mai la décision de la BSH. Il a rappelé que le projet Nord Stream 2 était purement économique et profitait à l’Allemagne dont les besoins en gaz vont augmenter alors qu’elle s’apprête à passer aux sources d’énergie alternative en sortant du nucléaire.
Quel effet sur les relations avec la Russie?
Si les États-Unis assouplissent leur position à l’égard du Nord Stream 2, cela ne changera pas beaucoup le contexte actuel des relations entre Washington et Moscou, a déclaré ce mercredi 19 mai Sergueï Riabkov, vice-ministre russe des Affaires étrangères.
«Si les États-Unis renoncent pour quelques raisons à prendre de nouvelles mesures destructrices concernant Nord Stream 2, nous le saluerons, mais cette décision ne changera pas le cadre général des relations russo-américaines, du dialogue russo-américain compte tenu de ce qui se passe ces dernières années et de la façon dont les États-Unis détruisent nos relations, y compris en utilisant des sanctions», a noté M.Riabkov devant les journalistes.
Gazoduc Nord Stream 2, prêt à 95%
D’une capacité de 55 milliards de mètres cubes, le gazoduc Nord Stream 2 aura deux conduites reliant la Russie à l’Allemagne sous la mer Baltique. Les travaux de construction du pipeline ont été suspendus en décembre 2019 après que la société suisse Allseas a refusé de poser les tubes par crainte de sanctions américaines.
Un an plus tard, les travaux ont repris grâce à l’arrivée en décembre 2020 et avril 2021 de deux navires de pose de tuyaux russes. Le gazoduc était prêt à 95% au 31 mars, selon l’opérateur Nord Stream 2 AG. Le 17 mai, le consul général d’Allemagne à Ekaterinbourg, Matthias Kruse, a annoncé qu’il ne restait à poser que 80 kilomètres de tubes.