Air France: y a-t-il un vaccin pour le pilote?

«Refuser les destinations à risques.» C’est l’appel lancé par le Syndicat national des pilotes de ligne d’Air France. Le but: préserver le personnel de la compagnie contre les nouveaux variants du coronavirus. En effet, à l’heure actuelle, le personnel navigant n’est pas prioritaire pour la vaccination.
Sputnik

Le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) d’Air France durcit le ton. Face aux nouvelles souches du Covid, il appelle ses pilotes non vaccinés à refuser les vols vers l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud, l’Argentine et le Chili. Contacté par Sputnik, le syndicat se dit préoccupé par le fait que, pour l’instant, le personnel navigant ne soit pas prioritaire sur les listes de vaccination.

«La semaine dernière, le gouvernement a ouvert la vaccination aux «plus de 55 ans», mais notre personnel navigant est largement plus jeune. Notre inquiétude concerne non seulement les pilotes d’avions de ligne, mais les pilotes d’hélicoptères, d’avions sanitaires…» souligne le service de presse du SNPL.

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Au moment où la vaccination atteint péniblement sa vitesse de croisière, les personnels de l’aviation se trouvent donc dans la même situation que les ambulanciers et les brancardiers. N’étant pas considérés comme personnel médical, ils ne figurent pas sur les listes des métiers prioritaires pour la vaccination. Même si ces femmes et ces hommes se retrouvent de fait en première ligne face aux malades du Covid-19.

Le SNPL «ne possède pas de statistiques» de vaccination des pilotes. Plutôt  compréhensible, puisque la position de l'Association internationale du transport aérien (IATA), exprimée en décembre dernier est claire: la vaccination «ne devrait pas être obligatoire pour les travailleurs de l'aviation, de la même manière qu'elle ne devrait pas être exigée pour les voyageurs».

En quête de vaccins

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La vague d’appels au renforcement de la protection des pilotes grossit depuis plusieurs mois. Dans son discours en décembre dernier, Alexandre de Juniac, le PDG de l'IATA, soulignait que la protection des pilotes contre le Covid-19 était nécessaire également pour assurer le bon train des livraisons des vaccins à travers le monde, puisqu’«il faudra l'équivalent de 8.000 avions cargo Boeing 747 pour une distribution mondiale».

 «Nous ne demandons pas que les travailleurs de l'aviation soient en tête de liste, mais nous avons besoin que les gouvernements veillent à ce que les travailleurs des transports soient considérés comme essentiels lors de l'élaboration des plans de déploiement des vaccins», déclarait Alexandre de Juniac.

L'IATA s’aligne sur la feuille de route proposée le Strategic Advisory Group of Experts on Immunisation (SAGE, groupe stratégique consultatif d'experts sur la vaccination) de l’OMS. Le document définissait des groupes prioritaires pour recevoir le vaccin. Le SAGE a inclus les personnels des transports dans la catégorie «Autres secteurs essentiels en dehors des secteurs de la santé et de l'éducation». Ils y côtoient la police, par exemple.

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De nombreux organismes et syndicats internationaux à travers le monde, aussi bien dans les airs qu’en mer, essayent d’obtenir le vaccin pour leurs personnels navigants. Il y a un mois, l’International Transport Workers' Federation (ITF) qui regroupe 670 syndicats représentant plus de 18 millions de travailleurs des transports de 147 pays, a également appelé les gouvernements à considérer les personnels navigants comme prioritaires.

Pour l’instant, les médias, surtout en France, se demandent: «Y a-t-il un pilote pour les vaccins?» Les professionnels de l’aviation, eux, cherchent désespérément une réponse à la question suivante: «Y a-t-il des vaccins pour les pilotes?»

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