Intelligence artificielle: la Russie développe une coopération, la France y voit des espions

«Le Monde» a publié mi-avril un long article sur «l’espionnage russe» via les représentants économiques de la Russie en France. Le quotidien n’a pas réagi à la demande de droit de réponse émanant du directeur de la représentation commerciale russe. Pour réparer cet oubli, Sputnik tend le micro à Mikhaïl Makarov, responsable de cette institution.
Sputnik

Malgré les sanctions qui empoisonnent la relation économique bilatérale franco-russe depuis 2014, les échanges entre les entreprises des deux pays n’ont jamais cessé. Cela semble déplaire à certains médias français qui s’efforcent d’envenimer la situation au moyens d’insidieuses déstabilisations.

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Le 13 avril dernier, le quotidien Le Monde a traité des «assauts de l’espionnage russe». L’article évoquait notamment un fait datant de l’automne 2020. «Selon les informations du Monde», un diplomate russe, en poste à la mission économique de l’ambassade russe, aurait été expulsé  «après avoir été pris en flagrant délit par la DGSI».

Le journaliste mentionne ensuite l’initiative de la représentation commerciale de la Russie en France «d’organiser le premier forum franco-russe sur l’intelligence artificielle». Une manière insidieuse de suggérer au lecteur de rapprocher les deux événements.

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Mais ce lien insinué «de cause à effet» ne convient pas à Mikhaïl Makarov, le représentant commercial de la Russie en France. Le 15 avril, il adresse une «demande d’insertion du droit de réponse» au directeur de la publication du quotidien. Non seulement ce document n’a pas été publié, mais aucun avis de réception n’est parvenu à la représentation commerciale russe.

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Au micro de Sputnik, Mikhaïl Makarov rappelle que, «dans la réalité des choses», l’idée d’un forum sur un «sujet clé d’avenir» comme celui de l’intelligence artificielle a germé au sein de son équipe  dès septembre 2020.  Malgré le contexte sanitaire difficile, le projet a été vu comme «une excellente opportunité pour les acteurs des deux pays d’échanger et de nouer des contacts utiles» par les grands du marché.

«Pour le côté français, Total, Air Liquide, Dassault Systèmes, Suez, Sanofi, Fives, les universités Paris-Saclay et de Bretagne-Occidentale et le premier technopôle européen, Sophia Antipolis, ont salué l’intérêt et l’opportunité de notre initiative, qu’ils ont embrassée», souligne Mikhaïl Makarov.

Néanmoins, dès le début janvier 2021, les premiers signes de fébrilité apparaissent. Les fonctionnaires du ministère français de l’Économie et du service économique de l’ambassade de France distillent les suggestions de report, voire d’annulation du forum.

Un travail de sape sans résultat

Malgré ces «recommandations», la «volonté réelle des milieux français des affaires» de travailler ensemble avec leurs partenaires russes est restée inébranlable. 

«À quelques jours du Forum [prévu le 26 février 2021, ndlr], des rumeurs sont parvenues à nos oreilles, selon lesquelles les grands groupes français ayant déjà confirmé leur participation auraient reçu un appel portant ni plus ni moins l’interdiction d’honorer cet engagement. Mais même si une telle démarche –pour le moins inconvenable, voire aberrante– a eu lieu, elle n’a pas provoqué l’effet escompté: aucun participant ne s’est rétracté», rappelle le directeur de la représentation commerciale de la Russie.

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Ainsi, la lecture de l’article du Monde, qui «peut laisser croire que la Représentation commerciale serait un maillon dans une vaste toile tissée par le KGB, SVR ou autre ensemble de consonnes», a poussé Mikhaïl Makarov à défendre officiellement l’honneur et le rôle de son institution.

«Sa mission est de prêter main forte aux entreprises françaises désireuses de s’essayer au marché russe en les guidant dans le dédale des administrations, mais aussi de trouver des débouchés en France pour divers produits russes, par le biais le plus efficace qui soit –la communication humaine», assure le haut fonctionnaire.

Et la continuité de «la communication humaine» porte ses fruits! Malgré la situation politique complexe, plus de 500 entreprises à capitaux français emploient plus de 160.000 personnes sur le marché russe. La France reste l’un des cinq principaux investisseurs européens dans l’économie russe. Le volume des investissements cumulé pour le troisième trimestre 2020 s’élève à 18,5 milliards de dollars.

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