L’ambassadeur d’Espagne à Rabat, Ricardo Diez-Hochleitner, a été invité à donner des explications au ministère marocain des Affaires étrangères suite à l’arrivée en Espagne de Brahim Ghali, secrétaire général du mouvement Front Polisario et Président de la République arabe sahraouie démocratique autoproclamée, a déclaré ce dimanche 25 avril le ministère marocain.
«Le royaume du Maroc déplore l’attitude de l’Espagne, qui accueille sur son territoire le dénommé Brahim Ghali, chef des milices séparatistes du "Polisario", poursuivi pour des crimes de guerre sérieux et des atteintes graves aux droits de l’homme […]. L’ambassadeur d’Espagne à Rabat a été convoqué au ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger […] pour exiger de lui les explications nécessaires sur l’attitude de son gouvernement», a indiqué le ministère sur son site Internet.
La diplomatie marocaine souhaite notamment savoir «pourquoi le dénommé Brahim Ghali a été admis en Espagne en catimini et avec un faux passeport» et pourquoi les autorités espagnoles n’en ont pas informé le Maroc.
Le chef du Front Polisario hospitalisé en Espagne
Les médias ont précédemment annoncé que Brahim Ghali, 73 ans, secrétaire général du mouvement Front Polisario, avait été hospitalisé d’urgence à Logrono, dans le nord de l’Espagne, pour des difficultés respiratoires après avoir contracté le Covid-19. D’après le magazine Jeune Afrique, Brahim Ghali a été hospitalisé le 21 avril sous un nom d’emprunt algérien.
Le ministère espagnol des Affaires étrangères a confirmé à Sputnik que M.Ghali avait été transporté en Espagne «pour des raisons strictement humanitaires afin de recevoir des soins médicaux».
Question du Sahara occidental
Le Maroc qualifie de séparatistes les membres du mouvement sahraoui Front Polisario. Créé en 1973 en Mauritanie, le Front Polisario a d’abord lutté contre l'occupation espagnole du Sahara occidental, une colonie espagnole de 1884 à 1975.
Après le départ des Espagnols en 1975, le Front Polisario s'est opposé par les armes à l'annexion du territoire par le Maroc et la Mauritanie avant d'annoncer en février 1976 la création de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). En 1979, la Mauritanie a signé un accord de paix avec le Front Polisario. En 1991, un cessez-le-feu a été signé sous l'égide de la mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (MINURSO). La RASD est reconnue par une vingtaine de pays.
À l’heure actuelle, environ 80% du Sahara occidental est contrôlé par le Maroc et le reste par le Front Polisario, soutenu par l'Algérie. Le territoire est classé «non autonome» par l’Onu en l'absence d'un règlement définitif.
La situation s’est dégradée dans la région en novembre 2020, après le début d'une opération militaire marocaine contre le Front Polisario dans une zone tampon de l’extrême-sud du Sahara occidental. Le Front Polisario a accusé le Maroc d’avoir violé le cessez-le-feu de 1991 et a promis de «relancer la guerre».