Les États-Unis affichent nettement leur opposition au projet de gazoduc Nord Stream 2. Dans une récente interview accordée à CNN et rendue publique ce 28 mars, le secrétaire d'État américain Antony Blinken a ainsi déclaré avoir informé l'Allemagne de son intention de maintenir la pression des sanctions sur le gazoduc.
«Nous voulions simplement nous assurer qu'il n'y avait aucune ambiguïté dans notre position, que nos amis et partenaires nous comprennent», a déclaré M.Blinken. «Et il est vraiment dommage que le pipeline soit en quelque sorte une source de désaccord, mais malgré cette divergence, cela ne supprime pas le fait que nous travaillons plus étroitement que jamais dans tous les autres domaines».
Interrogé par CNN quant à la possibilité pour Washington d’arrêter le projet, M.Blinken a déclaré: «En fin de compte, cela dépend de ceux qui essaient de construire le pipeline. Nous voulions simplement nous assurer que notre position, notre opposition au gazoduc, ait été bien comprise».
Biden pris «entre le marteau et l’enclume»
Début mars, le magazine Politico, citant des responsables américains, a évoqué une «situation diplomatique délicate» dans laquelle s’est retrouvée l’administration du pays après que des sénateurs américains ont exigé à Joe Biden de décréter des sanctions supplémentaires contre les entreprises engagées dans le projet Nord Stream 2.
Selon le média, le Président américain s’oppose au projet, mais veut également renforcer ses relations avec l’Allemagne, pour qui il est important que le projet aboutisse.
«Nous sommes entre le marteau et l’enclume», a constaté auprès du magazine un autre haut responsable de l’administration.
«Une loi nous oblige»
À son arrivée au siège de l'Otan pour sa première réunion avec ses homologues de l'Alliance, mardi 23 mars, Antony Blinken a réitéré l'opposition des États-Unis au méga-projet. «Le Président Biden a été très clair lorsqu'il a dit que ce projet de gazoduc est une mauvaise idée pour l'Europe et pour les États-Unis», a-t-il déclaré au cours d'un premier point de presse.
«Ce projet de gazoduc est en contradiction avec l'objectif de sécurité énergétique de l'Europe, il risque d'affaiblir l'Ukraine et va contre les intérêts de la Pologne et d'autres alliés», a-t-il expliqué. «Une loi aux États-Unis nous oblige à sanctionner les entreprises qui participent aux efforts pour achever le gazoduc», a-t-il rappelé.
Un projet commercial avantageux pour l'Europe
Quoi qu’il en soit, l’Allemagne, principale bénéficiaire du projet, voit dans le gazoduc russe une source d'énergie stable. Les autorités allemandes ont déclaré que la décision de quitter le projet revenait aux entreprises.
La Russie ne cesse de répéter pour sa part qu’il s’agit d’un projet commercial qui est avantageux pour l'Europe. Mi-février, le vice-Premier ministre russe Alexandre Novak a assuré que le gazoduc était terminé à plus de 95%. Le géant russe Gazprom promet pour sa part de mettre en exploitation le gazoduc dès cette année.