Le ciel s’obscurcit-il pour le F-35? Selon le Sunday Times, dont Opex360 se fait l’écho, Londres aurait mis sur la sellette une commande de 90 exemplaires de la version marine du dernier-né de Lockheed-Martin afin de se concentrer sur le Tempest. Ce dernier programme d’avion furtif de sixième génération réunit quant à lui les britanniques BAE Systems et Rolls-Royce, l’italien Leonardo et le missilier européen MBDA.
US Air Force, Congrès: le F-35 sous le feu des critiques
Un cahier des charges qui, à la base, était celui du F-35. Cependant, l’avion serait, selon le haut gradé, trop coûteux et mal adapté pour mener des combats «bas de gamme». Début mars, Adam Smith, président de la commission des forces armées à la Chambre des représentants, appelait à cesser «de jeter de l’argent dans ce trou à rat». Le programme est en effet décrié comme le plus onéreux de l’histoire avec 1.000 milliards de dollars engagés dans son développement. Et des problèmes récurrents de fiabilité n’ajoutent guère à sa popularité.
Malgré cette volée de critiques à l’encontre du chasseur américain, le général (2S) de brigade aérienne Jean-Vincent Brisset, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), estime qu’il ne faut pas enterrer trop vite l’appareil. «Il y a toujours eu, dans tous les pays, cette volonté de développer des programmes d’avions plus légers, moins chers et qui permettent de faire tourner l’industrie», tempère-t-il, mettant en garde contre le «F-35 bashing» dans la presse de pays concurrents sur le plan aéronautique. Si le renoncement britannique serait avant tout motivé par des questions budgétaires, «aux États-Unis, c’est un problème de lobby contre lobby», estime l’officier, ajoutant: «Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, le F-35 est une formidable machine.» Un appareil en outre moins cher à l’achat qu’un Rafale, rappelle notre interlocuteur.
Boeing à la manœuvre?
Du côté britannique, le renoncement à de nouvelles livraisons ne sera pas sans conséquences. En plus d’avoir soutenu financièrement ce projet (à hauteur de 2,5 milliards de livres), le Royaume-Uni a développé ses deux porte-avions les plus récents, les HMS Queen Elizabeth et HMS Prince of Wales, autour du F-35 B Lightning II qui doit remplacer les différentes variantes du AV-8B Harrier. Les deux navires jumeaux, dépourvus de catapultes, sont conçus pour accueillir chacun jusqu'à trente-six de ces appareils à décollage court. En arrêtant les frais, Londres en resterait à quarante-huit exemplaires en tout et pour tout.
Le F-35, la Ferrari qui fait rêver les budget serrés
Reste à savoir si d’autres pays pourraient se porter acquéreurs des avions auxquels le Royaume-Uni renoncerait. Mais le coût d’entretien du F-35 pourrait effaroucher d’éventuels chalands. La facture fait déjà grincer des dents la première puissance militaire mondiale et ses 800 milliards de dollars de budget alloués à la Défense. Alors qu’en serait-il de nations disposant de crédits militaires bien plus limités? Le Maroc et ses 47 milliards de dirhams (4,3 milliards d’euros) de budget de Défense souhaiterait se porter acquéreur du F-35. La Roumanie a également exprimé son intérêt. Un choix qui laisse le général Brisset pantois: «Ce sont vraiment des gens qui veulent acheter une Formule 1 pour tourner sur un circuit de 4X4», ironise l’ancien pilote de chasse.