F-35: Londres renoncerait à une commande supplémentaire de chasseurs américains

Un F-35B américain - Sputnik Afrique, 1920, 10.03.2021
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La Grande-Bretagne s’apprêterait à abandonner une commande de 90 F-35 supplémentaires. Lourd de sens, de la part d’un pays qui a contribué au développement de ce chasseur. Aux États-Unis même, l’appareil est sous le feu des critiques. D’ailleurs, son remplaçant est déjà à l’étude! Mais le général Brisset tient à nuancer ce sombre tableau.

Le ciel s’obscurcit-il pour le F-35? Selon le Sunday Times, dont Opex360 se fait l’écho, Londres aurait mis sur la sellette une commande de 90 exemplaires de la version marine du dernier-né de Lockheed-Martin afin de se concentrer sur le Tempest. Ce dernier programme d’avion furtif de sixième génération réunit quant à lui les britanniques BAE Systems et Rolls-Royce, l’italien Leonardo et le missilier européen MBDA.

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Trop cher, peu fiable, inadapté: le F-35 sur la sellette aux États-Unis
Bien qu’elle s’inscrive dans un contexte de disette pour les forces armées de Sa Majesté, cette possible annulation de la commande anglaise, pourtant partenaire du programme de développement Joint strike fighter (JSF), tombe au mauvais moment pour le F-35. Aux États-Unis, l’appareil ne semble déjà plus en grâce. Mi-février, en plus de ramener à 1.050 exemplaires au lieu de 1.793 ses commandes de F-35, le général Charles Brown, chef d’état-major de l’US Air Force, annonçait le lancement d’une étude pour le développement d’un chasseur «léger, abordable destiné à remplacer le F-16».

US Air Force, Congrès: le F-35 sous le feu des critiques

Un cahier des charges qui, à la base, était celui du F-35. Cependant, l’avion serait, selon le haut gradé, trop coûteux et mal adapté pour mener des combats «bas de gamme». Début mars, Adam Smith, président de la commission des forces armées à la Chambre des représentants, appelait à cesser «de jeter de l’argent dans ce trou à rat». Le programme est en effet décrié comme le plus onéreux de l’histoire avec 1.000 milliards de dollars engagés dans son développement. Et des problèmes récurrents de fiabilité n’ajoutent guère à sa popularité.

Malgré cette volée de critiques à l’encontre du chasseur américain, le général (2S) de brigade aérienne Jean-Vincent Brisset, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), estime qu’il ne faut pas enterrer trop vite l’appareil. «Il y a toujours eu, dans tous les pays, cette volonté de développer des programmes d’avions plus légers, moins chers et qui permettent de faire tourner l’industrie», tempère-t-il, mettant en garde contre le «F-35 bashing» dans la presse de pays concurrents sur le plan aéronautique. Si le renoncement britannique serait avant tout motivé par des questions budgétaires, «aux États-Unis, c’est un problème de lobby contre lobby», estime l’officier, ajoutant: «Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, le F-35 est une formidable machine.» Un appareil en outre moins cher à l’achat qu’un Rafale, rappelle notre interlocuteur.

Boeing à la manœuvre?

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Les industriels de l’armement écartés des programmes passés compteraient ainsi sur le lancement de projets pour se remettre en selle. Parmi les rivaux de Lockheed-Martin, Boeing, à l’origine des F-15 Strike Eagle et F-22 Raptor qui équipent les forces armées américaines. Au début des années 1990, le mastodonte de Seattle comptait, avec son X-32, parmi les postulants pour décrocher le programme qui s’appelait encore CALF pour «Common Affordable Lightweight Fighter» (en français, «chasseur commun léger et peu coûteux»).

Du côté britannique, le renoncement à de nouvelles livraisons ne sera pas sans conséquences. En plus d’avoir soutenu financièrement ce projet (à hauteur de 2,5 milliards de livres), le Royaume-Uni a développé ses deux porte-avions les plus récents, les HMS Queen Elizabeth et HMS Prince of Wales, autour du F-35 B Lightning II qui doit remplacer les différentes variantes du AV-8B Harrier. Les deux navires jumeaux, dépourvus de catapultes, sont conçus pour accueillir chacun jusqu'à trente-six de ces appareils à décollage court. En arrêtant les frais, Londres en resterait à quarante-huit exemplaires en tout et pour tout.

Le F-35, la Ferrari qui fait rêver les budget serrés

Reste à savoir si d’autres pays pourraient se porter acquéreurs des avions auxquels le Royaume-Uni renoncerait. Mais le coût d’entretien du F-35 pourrait effaroucher d’éventuels chalands. La facture fait déjà grincer des dents la première puissance militaire mondiale et ses 800 milliards de dollars de budget alloués à la Défense. Alors qu’en serait-il de nations disposant de crédits militaires bien plus limités? Le Maroc et ses 47 milliards de dirhams (4,3 milliards d’euros) de budget de Défense souhaiterait se porter acquéreur du F-35. La Roumanie a également exprimé son intérêt. Un choix qui laisse le général Brisset pantois: «Ce sont vraiment des gens qui veulent acheter une Formule 1 pour tourner sur un circuit de 4X4», ironise l’ancien pilote de chasse.

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